Au pays de la Fée Verte…

 

Photo Bruno Guedot
Photo Bruno Guedot

 

Le week-end dernier, la première visite que nous avons faite en passant par  Pontarlier a été pour une distillerie, la Distillerie Guy.
A priori, comme je ne bois pas, j’aurais pu y m’ennuyer à mourir.
Et non!
Car l’histoire des lieux est étonnante…
Dans cette distillerie familiale, quatre générations se sont succédé depuis qu’Armand Guy a créé son entreprise en 1890.
Au pays de l’absinthe, à laquelle je préfère le nom de Fée Verte (on ne se refait pas!), Pontarlier comptait alors 23 distilleries et 150 débits de boisson pour une population de 10’000 habitants, parmi lesquels 3000 travaillaient dans ces fabriques de spiritueux.
Un Eldorado qui a pris fin lorsque les ligues antialcooliques groupées autour de Louis Pasteur et de Claude Bernard, ont dénoncé les méfaits de l’abus d’absinthe et d’alcool en général.
En 1908, le groupe antialcoolique constitué au Sénat fait notamment voter l’interdiction de l’absinthe, la limitation du nombre des débits de boissons.
Les distilleries de Pontarlier fermeront une à une, à l’exception de celle d’Armand Guy, toujours en activité aujourd’hui, entre les mains de son descendant, François.

L’histoire racontée par l’adorable guide qui nous a fait faire la visite est jalonnée d’anecdotes étonnantes.
Par exemple, en 1901, un énorme incendie a détruit l’une des distilleries installée au coeur de la ville.
Les cuves contenaient un million de litres d’absinthe qui aurait pu faire exploser et détruire la ville.

Photo Bruno Guedot
Photo Bruno Guedot

Heureusement, un ouvrier a eu la présence d’esprit d’ouvrir les vannes et de déverser l’alcool dans le Doubs.
Un million de litres… la rivière a été transformée en un gigantesque apéritif anisé.
L’histoire dit que les militaires casernés non loin buvaient la boisson récoltée à même leurs casques.
C’est d’ailleurs parce que, quelques jours plus tard, la rivière la Loue a commencé à sentir fortement l’anis que l’on a réalisé qu’elle était une exsurgence du Doubs.

Dans cette distillerie ancestrale que nous avons donc découverte dans ses locaux d’origine, j’ai été frappée par la beauté des alambics et des foudres centenaires, par la courtoisie de chacun des employés.
La visite était très fréquentée, ce samedi matin là, sans doute  parce que les amateurs savent qu’elle se termine par une dégustation et une vente directe.
La découverte de tels lieux de fabrication est assez fascinante.

Voyons… terminons par un petit fantasme…
Si je pouvais choisir le prochain, je dirais… à quand la visite de la Chocolaterie de Charlie- Johnny Deep?

Martine Bernier

Distillerie Guy

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