Bichon havanais: Pomme et la tentation

Ce dimanche fut magique.
Toute la famille était invitée chez mon fils cadet et notre Fleur d’Asie pour fêter l’anniversaire de Timoté, un an, et le mien… un peu plus!
Je garderai de cette journée des images tendres et drôles, des fous rires, des moments émouvants, des sourires d’enfants en pagaille, des centaines de ballons, des monceaux de cadeaux et de fleurs, une joie de vivre générale.
En dessert  les enfants avaient prévu deux gâteaux: l’un pour Timoté et l’autre, annoté à mon intention.
Mon préféré, que je n’ai plus goûté depuis au moins trois ou quatre ans: une forêt-noire non alcoolisée, légère et irrésistible.
A la fin de la journée, les enfants l’ont mise dans son carton d’origine et l’ont confiée à mon Capitaine pour que nous l’emportions.

Exceptionnellement, Pomme a dû prendre place dans le coffre très spacieux de la voiture, les places arrières étant déjà occupées par deux d’entre nous.
Le trajet s’est déroulé sans encombre, jusqu’à l’arrivée chez nous où mon Capitaine, qui avait posé le gâteau dans le coffre lui aussi, a dit:
– Mince, je crois que Pomme a mangé le gâteau.

Pour lui comme pour moi, c’était ahurissant.
En six ans de petite vie de bichon, Pomme n’a jamais touché à la moindre nourriture interdite, y compris si celle-ci est posée à côté d’elle.
Elle sait qu’elle n’a pas droit aux friandises « humaines », et n’a jamais essayé de passer outre… sauf peut-être quand elle est avec les petits-enfants et que j’ai le dos tourné, ce qui est très rare.
Et là… un pan du carton avait légèrement été poussé, lui permettant de passer la langue et un bout du museau dans la boîte.
Elle avait mangé un bon bout de la forêt-noire, délicatement, lui imprimant un arrondi en pente douce.

J’étais tellement éberluée que j’ai cru durant toute la soirée que ma famille m’avait fait une farce, d’autant que mon Mogwaï n’avait pas de trace suspecte de crème fraîche ou de chocolat dans la moustache, et qu’elle ne sentait pas la pâtisserie.
Mais non, je me berçais d’illusions… Pomme avait bien péché!
Toute la soirée, elle a dormi du sommeil du juste.
Et comme il est exclu de réprimander un animal après qu’il ait fait une bêtise, elle a profité de son forfait avec béatitude sans que je la gronde.

Inquiète pour sa santé, j’ai pourtant au fond de moi une petite voix qui me dit que je suis ravie pour elle qu’elle ait pu profiter au moins une fois dans sa vie des délices terrestres de ce genre!
Mais ne rêvons pas: l’ère de la confiance totale est terminée.
Dorénavant, Pomme et les gâteaux voyageront en compartiments séparés!

Martine Bernie