Depuis que Babou, la plus jeune de nos Mogwaïs, est entrée dans nos vies, il y a deux mois environ, les pantoufles de la maison ont vu leur existence bouleversée.
Chaque fois que nous devons nous absenter et chaque nuit, nous sommes contraints de les enfermer dans une pièce à part.
Pour les malheureuses, habituées à vivre en totale liberté, le changement est dur à supporter.
Mais nous n’avons pas le choix.
A chaque oubli de notre part, l’une d’elles ou le groupe tout entier est victime de kidnapping.
Aucune rançon n’est réclamée contre leur remise en liberté…
Pour les sauver, nous ne pouvons compter que sur nos talents d’enquêteurs.
Il faut avouer que la coupable de ces rapts ne se cache pas vraiment pour commettre ses méfaits.
Babou adore tout ce qui ressemble de près ou de loin à une pantoufle ou une chaussure, d’homme de préférence.
Celles de mon Capitaine sont presque plus grandes qu’elle, mais cela ne l’empêche pas de les traîner en les tenant fermement entre ses dents.
Elle me fait penser à un minuscule lion noir transportant sa proie qui pendouille entre ses pattes.
Sauf que pour notre protégée, le retour dans ses paniers se passe en sautillant, queue en panache, très fière de ses trophées.
Lorsque nous lui faisons comprendre que « non, nous ne sommes pas d’accord! », elle prend un air piteux, baissant la tête et affichant une mine contrite… et file récupérer une autre victime dès que nous avons le dos tourné.
Il faut bien l’admettre… nous la grondons (à peine…) pour le principe, mais sa vocation de brigand des grands chemins nous amuse beaucoup!
Mauvais karma!
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