Journaliste vedette présentateur du journal de 20 heures sur les chaînes françaises dans les années 80, Bruno Masure voue un amour inconditionnel aux chats. Il vient de leur consacrer un livre et continue à partager sa vie avec trois « purs gouttières ». Visite à Bercy (Paris), dans le pavillon où il habite « chez ses chats ».
Dans le pavillon parisien de Bercy où vit Bruno Masure, les chats sont rois. Inutile d’espérer les voir hanter le canapé en cas de visite. Bien dissimulés à l’abri des regards indiscrets, « Loana », « Teigne » et « Pot-de-colle » n’honorent le propriétaire des lieux de leur présence que s’ils l’ont eux-mêmes décidé.
Dans la vie du journaliste, ces félins jouent un rôle particulier. « Tous ceux qui ont fait partie de ma vie sont des chats de gouttière. Je n’aime pas les chats luxueux, de race. Ceux que j’ai eus sont tous des SDF! Je ne supporte pas l’idée de devoir payer des sommes folles pour acquérir un chat. » Pas d’accord de se ruiner pour l’achat d’un animal, mais, en revanche, le cœur sur la main dès qu’il s’agit de voler au secours de l’un d’entre eux. La grande majorité de ses protégés ont connu un début d’existence tourmenté. Hormis Loana, dont la seule particularité a été de naître « la fameuse nuit du jacuzzi de Loft Story », tous sont un jour arrivés devant sa porte en piteux état. Et tous ont eu droit à ses soins attentifs, aux visites chez le vétérinaire, et à des traitements qui, avoue leur hôte, lui coûtent une fortune.
Naufragés des jardins
Bruno Masure raconte sans se faire prier les parcours de vie de ses chats. À commencer par celui de Teigne, naufragé cabossé dont il décrit le regard bleu que les visiteurs ne verront pas. Méfiant, le matou préfère éviter le contact avec les inconnus. « Il est un jour arrivé dans mon jardin, alors qu’il avait deux ou trois mois. Il était quasi aveugle et avait une sérieuse maladie de peau, qu’il a toujours, d’ailleurs. Il avait un aspect tellement repoussant que personne n’en aurait voulu. Donc, je l’ai gardé. Il est toujours aussi abîmé, mais c’est un chat formidable. Pot-de-Colle, lui, est arrivé en plein mois de novembre. Il faisait très froid. J’ai eu beau faire, il est resté devant chez moi jusqu’à ce que j’accepte de le garder. Il m’a choisi. Il avait été castré, ce qui indiquait qu’il avait dû avoir une vie antérieure. Il ressemble un peu à un chat norvégien… C’est le seul des trois à être très câlin, mais lorsque je veux le caresser sur la tête, il se protège. C’est peut-être un raccourci hâtif, mais j’ai tendance à penser qu’il a dû vivre des événements difficiles. Quant à Loana, je vis chez elle. Elle aime dormir sur mon lit. Si j’ai le malheur de fermer la porte de la chambre, elle a dans le regard un air de reproche indigné très explicite… »
« Les chats me ressemblent »
Pas sectaire pour un sou, le journaliste avoue aimer également les chiens, même s’il trouve plus contraignant de s’en occuper. « Ils ont un caractère qui correspond moins au mien. Les chats, eux, sont d’une liberté et d’une indépendance absolue. Je suis comme eux. J’aime faire ce qui me plaît quand cela me plaît. Ils ne se forcent pas, ne font jamais semblant. S’ils viennent se blottir sur vos genoux, c’est qu’ils ont choisi de le faire. » Dans son livre, Bruno Masure explique que ses compagnons dorment environ 14 heures par jour. Lui à peine un peu moins, ce qui ne l’empêche pas de partager leur goût pour le calme et la tranquillité. Celui qui présentait le Journal de 20 Heures en charentaises par souci de confort et qui terminait ses passages à l’antenne par un dicton humoristique, a traversé des moments troublés dans sa vie professionnelle, lorsqu’il a quitté la télévision. Là encore, ses animaux ont joué un rôle primordial. « Pour supporter le stress de la télévision, j’avais mes chats et mon jardin. Rien ne me détend davantage que d’arroser le jardin ou de caresser un chat. Ces animaux ont un pouvoir déstressant qui a été maintes fois prouvé. Je les trouve toujours élégants, gracieux. J’ai deux amours: la politique et les chats. Je travaille en ce moment sur un livre parlant des relations entre les hommes politiques et les journalistes. Ecrire parallèlement l’ouvrage sur les chats me lavait la tête. »
Bercy, paradis perdu
Lorsque le journaliste est arrivé à Bercy, voici vingt ans, le quartier était un véritable Eden pour les chats errants. Avant que les anciens entrepôts de vin n’y soient remplacés par des immeubles, le lieu, explique-t-il, était privilégié. « Des dizaines de chats y vivaient, nourris par les veilles dames. C’était l’endroit le plus poétique de Paris, un paradis pour les chats et pour les photographes. Aujourd’hui, un très joli parc y a été installé, mais les chats ont disparu. »
Reste aux chats du quartier le privilège de profiter des jardins des pavillons, formant un triangle hermétique aux dangers de la rue. Une vie de rêve…
Martine Bernier
SOUS LA LORGNETTE DE MASURE
Un livre sur nos félins d’appartement, Bruno Masure a beau les adorer, il n’aurait jamais pensé l’écrire jusqu’à ce que son éditeur lui en fasse la demande. L’ex journaliste vedette présentateur du journal de 20 heures pendant 13 ans a donc repris sa plume insolente et drôle pour signer « Les Chats vus par Bruno Masure ». Soixante mots servent de fil rouge à l’ouvrage truffé de photos et d’informations on ne peut plus sérieuses. Mais comme on ne se refait pas, l’auteur a retrouvé toute sa verve pour parler de ses compagnons, signant un livre insolite.
En savoir plus:
Livre: « Les Chats » vus par Bruno Masure. Collection Phare’s. Editions Hugo image.