Un prénom démodé, un vieux livre et un crochet par la Malmaison m’ont propulsée à Paris, dans la vie d’un homme que je ne m’attendais pas à croiser: Napoléon.
“Sais-tu qui est Constant?”
Heu… non. Il faut bien reconnaître que ce prénom ne réveillait aucun souvenir en moi.
Et pour cause: je n’avais jamais lu les Mémoires de celui qui fut le valet de chambre de Napoléon.
Je l’avoue: je me suis attelée avec une vague appréhension à la lecture de ce pavé de 900 pages.
Mais il ne m’a pas fallu dix minutes pour être emportée par le style de cet homme pourtant simple, par le charme de ses phrases, de ses souvenirs.
Et, surtout, par l’univers fascinant qu’il ouvre en nous faisant découvrir l’intimité d’un Napoléon inconnu, ses colères et ses émotions, ses préoccupations, son amour pour Joséphine, ses infidélités, ses faiblesses…
Le tout historiquement confirmé ou infirmé par des notes essentielles d’experts constituant près d’un tiers de l’ouvrage.
Ce qui signe un livre passionnant qui ne donnait qu’une envie, une fois refermé: en savoir plus sur ce conquérant controversé et sur cette femme au charme irrésistible qui en fut éperdument éprise, Joséphine, veuve de Beauharnais, née en Martinique le 23 juin 1763.
Quelques semaines après avoir terminé la lecture des Mémoires de Constant, je franchissais la grille de la Malmaison, par une journée maussade de décembre.
C’est ici que Joséphine et Napoléon ont vécu, ici que Joséphine a construit son nid.
Le livre parle de son goût pour la décoration.
C’est donc pleine d’espoir que je pénètre dans ce qui est devenu le Musée du Château de la Malmaison.
Mais, au fil des siècles, la propriété du célèbre couple est passée entre plusieurs mains, a été transformée en caserne, puis rachetée par un riche marchand qui l’a léguée à l’Etat français.
Difficile de percevoir l’âme de Joséphine, bel oiseau des îles, parmi les pièces où le mobilier, reconstitué reflète plutôt la froideur de l’époque Empire. Petit coup de coeur, cependant, pour sa chambre, le salon de musique et la bibliothèque de l’Empereur qui reflètent bien l’atmosphère qui a pu y régner. Autre intérêt des lieux: les objets exposés. Les nécessaires de toilette de Napoléon et de Joséphine, leurs ustentiles quotidiens, la vaisselle, sont autant de témoins de leur vie. Quant à l’arbre généalogique, il réserve des surprises de taille aux visiteurs qui découvrent par exemple que la royauté Belge descend de Joséphine.
Allez voir la Malmaison, au printemps ou en été, lorsque les jardins sont fleuris et que le soleil éclabousse les pièces. Mais si vous voulez marcher dans les pas de Napoléon, ajoutez-y une balade au crépuscule dans les ruelles, sous les arcades de la Place des jardins du Palais Royal qu’il a si souvent arpentées pour se rendre à des rendez-vous galants.
Dans ce décor préservé, vous entendrez encore l’écho du bruit des bottes de l’Empereur sur les pavés parisiens.
Martine Bernier
– “Mémoires Intimes de Napoléon Ier par Constant, son valet de Chambre”, Edition Mercure de France “Le Temps Retrouvé”. (uniquement sur Amazone ou dans les librairies spécialisées en livres anciens).
– Le Musée du Château de la Malmaison est ouvert tous les jours sauf le mardi. Avenue du château de Malmaison, Rueil-Malmaison (FR)
Tél. 0033 1 41 29 05 55. Site: www.chateau-malmaison.fr