Ce soir, j’ai revu mon bon géant et sa tendre moitié sur Skype. Il est rentré d’emblée dans le vif du sujet:
– Tu sais ce que c’est, les cousins?
– Les cousins… ta famille?
– Non, non, les cousins…
– Les cousins… le groupe de rock d’il y a très longtemps?
– Non! Les cousins, tu sais? Les insectes.
– Ces moustiques que l’on trouve sur la surface de l’eau? Ah non, ça, ce sont les demoiselles…
– Il faut que tu me fasses une recherche sur les cousins! Tu sais, ces grands insectes qui volent et qui ne piquent pas…
Beurk. Qu’ils piquent ou ne piquent pas, je n’aime pas les insectes.
– Oui, je vois.. Je n’aime pas du tout. Pourquoi?
– Parce que nous en sommes envahis ici, en ce moment. Quand j’ai ouvert la porte du garage, il y en a eu une nuée qui s’est précipitée à l’intérieur.
Voilà voilà.
Mon bon géant, sachant que j’arrive la semaine prochaine, préfère me préparer moralement à ce qui m’attend.
Après les araignées body buildées et les troupeaux d’escargots en furie, nous voici au chapitre des cohortes de cousins vrombissants .
– Heu… tu passeras un grand coup d’insecticide avant mon arrivée?
– Non non, tu ne dois pas avoir peur, ils ne font rien…
– Oui, mais tu me connais… sois gentil, prévois un génocide avant que je n’arrive! Un tout petit…
Croyez-moi si vous le voulez, mais lui, mon ami, mon frère, a eu un sourire absolument ravi et un regard débordant de fou rire contenu.
S’il me dit d’un air parfaitement sérieux « qu’il y a des coups de pelle qui se perdent » si jamais certains bipèdes indésirables devaient rôder dans les alentours et mal se comporter, il a un discours nettement plus tendre quand il parle des moustiques.
Visiblement l’épisode vécu avec son fiston Clément au cours duquel ils sont tous deux intervenus dans ma chambre un matin pour me délivrer d’un monstre plein de pattes l’a plutôt amusé. Et le fait que ces bestioles répugnantes me donnent envie de battre tous les records du monde de vitesse ne l’impressionne pas autrement. Je sens que je vais encore vivre un grand moment de solitude!
Pourtant, malgré ces dangers encourus qui me donnent l’impression de mener une existence semblable à celle d’Indiana Jones au coeur de la forêt vierge, cousins ou pas cousins, je suis impatiente de revoir mon Triangle d’Or au grand complet, ma Terre de Sel, et tous ceux que j’aime là-bas.
L’ami de mon bon géant, qui viendra me chercher à l’aéroport, a accepté de me faire un cadeau dont je rêve, sur le chemin du retour.
Un bonheur, ce retour… malgré tout.
Martine Bernier