Si je n’étais pas totalement non violente, il y a des moments où je donnerais des coups de pieds dans la vie.
Parce que, parfois, elle me fâche, elle me révolte, elle va même jusqu’à me dégoûter à travers les réactions de certains qui fuient, dissimulent, mentent, mettent tout en doute, vous mettent en confiance et vous massacrent par derrière.
J’en étais là de mes réflexions, avec, en prime, la douleur de l’absence de ma chienne, lorsque j’ai reçu un mail.
C’était Lui.
Toujours avec des mots sobres, il cerne et m’explique une situation qu’il vit, inacceptable, douloureuse, qu’il n’a pas d’autre choix que de regarder en face. Ce genre de situation qui vous tend les nerfs car elle provoque une impuissance générale. Nous avons échangé quelques mails.
Et alors qu’il porte un poids que beaucoup d’hommes n’arriveraient pas à supporter, il trouve encore le moyen de compatir à mon chagrin d’avoir perdu Scotty, et de trouver des mots pour tenter de me consoler. Cela m’a coupé le souffle…
Plus tard, sa voix dans la nuit, et des nouvelles de ce qu’il vit. Il n’en a pas conscience, mais il lui arrive d’être impressionnant. Et quand on le lui dit, il répond, gêné, qu’il n’est que normal. J’en connais d’autres qui s’estiment normaux et qui ne réagissent pas franchement de la même façon…
Et toujours cette présence bienfaisante, ce regard très clair, cette analyse fine des situations. Cet équilibre et cette présence forte. Quand il dit: « Je suis là », il est là. Vraiment. Et ceux qui se trouvent en face de lui comprennent très vite qu’il faut tenir compte de son opinion.
Pourquoi est-ce que je parle de lui? Parce qu’il est en pleine tourmente, et qu’il tient tous les rôles, sans faillir, avec élégance, sans un mot. Un combat de tous les jours, usant, mais il tient.
Oui, j’aimerais bien secouer la vie, parfois. Pour faire tomber de son arbre celui qui passe la sienne à blesser. Et pour remettre en place certaines situations qui ne devraient même pas exister.
Martine Bernier