Pourquoi donne-t-on si souvent des noms de femmes aux ouragans et aux tempêtes?
Celle qui a traversé la France s’appelle Xynthia.
Un joli nom.
Ce qui ne l’a pas empêchée de tuer au moins 45 personnes, uniquement en France.
Noyées ou frappées par des débris.
La vue de la Vendée inondée, qui attend encore une grande marée, est désolante…
Une phrase m’a beaucoup frappée, dite par le ministre des transports, Dominique Bussereau: « L’océan est rentré dans les terres ».
Un phénomène inconnu jusqu’ici.
Et les journaux indiquent que plus d’un million de foyers seraient sans électricité.
La Belgique a essuyé elle aussi une sérieuse tempête, m’expliquait un ami dont le chalet est menacé par un cèdre.
Rassurée sur le sort de ceux que j’aime en France, je pense à Lui.
Il est en mer à l’heure où j’écris. Et ce soir, même si j’adore la mer, je n’aime pas cela.
La Suisse a vu passer Xynthia, elle aussi.
Des pointes de vent de 160 km/heure ont été enregistrées, et c’est le Chablais qui en a le plus souffert.
Ce soir, alors que je sortais Pomme, l’air était sans un souffle.
A peine quelques gouttes de pluie.
Et soudain, le vent est arrivé.
Les arbres se sont tordus, pliés…
J’étais tellement surprise que j’ai mis quelques secondes avant de réaliser que mon mini mogwaï de même pas trois kilos était renversé par le souffle.
Je l’ai prise dans les bras, me suis éloignée des arbres et, depuis le sommet du pré, qui forme une sorte de colline, j’ai regardé le torrent.
Plus la rivière, le torrent.
La nature, lorsqu’elle est furieuse, est dangereuse, oui, mais aussi fascinante.
Je ne suis rentrée que parce que ma chienne tremblait de peur ou de froid.
Mais ce soir, j’ai presque honte d’aimer autant le gros temps, alors que tellement de personnes vivent des moments tragiques, en France et ailleurs.
Xinthia, avec son nom de guerrière antique, va laisser sa colère s’essouffler au centre de l’Europe. Mais sa fougue a été terrible.
Martine Bernier