Césars en péril

Une rumeur  enfle sur Internet: la cérémonie des Césars devrait-elle être supprimée, comme le sous-entend Sébastien LeFol, du Figaro?

L’audience de cette année a été, semble-t-il, lamentable, sans que ce soit la faute de personne: ni des présentateurs (que je plains de tout coeur de s’être une fois encore retrouvés devant une salle aussi rigide), ni de la sélection des films présentés, ni, ni ni…
Comme le souligne LeFol, regarder défiler des gens recevant un trophée et passant d’interminables minutes à remercier leurs collègues, leur famille, leurs amis, ceux qui les ont inspirés et les deux tiers de la planète, n’a rien de palpitant.
Il faut bien l’avouer: même si les décors, le son, la lumière, les costumes, la technique, sont des éléments essentiels dans un film, les spectateurs ingrats que nous sommes et qui suivons la cérémonie, n’attendent que les Césars des meilleurs acteurs et du meilleur film, voire les hommages.

La comparaison avec les Oscars serait sans doute déplacée.
Nager dans une ambiance superficielle n’est pas ce que je préfère.
Mais entre la liesse américaine frisant parfois l’hystérie collective, et la platitude désespérante qui règne dans la salle lors des Césars, il y aurait peut-être un équilibre à trouver…
Après tout, nous sommes devant des acteurs, pourquoi ne jouent-ils pas la comédie de la satisfaction d’être là?
Pourquoi attendent-ils d’être étonnés, séduits, alors que le public attend que ce soit eux qui endossent ce rôle?
Dans des soirées aussi particulières, le spectacle ne devrait-il pas aussi être dans la salle et les invités ne pourraient-ils troquer leurs masques tristes contre la politesse d’un sourire?

Chaque année, je me fais la même réflexion: pourquoi l’ambiance entre la cérémonie des Césars et celle de la remise des Molières est-elle aussi différente?
Dans le deuxième cas, on attend la soirée avec impatience, on sait qu’elle sera pleine de surprises, et… il est rare que l’on soit déçu.
Dans le premier cas, en dehors de courts moments de grâce, en dehors de l’expression assez ironique et amusée de Depardieu arrivant en patron faussement débonnaire sur la scène, géant et insaisissable feu follet, la manifestation ressemble à ces repas de famille ou de travail auxquels personne ou presque ne choisit de se rendre, mais qu’il faut supporter pour ne vexer personne.

La « fête » du cinéma est donc un terme un peu usurpé si l’on en juge par les mines des convives.
Pourtant, le 7e Art réserve tellement d’heure de bonheur, d’émotion et de rêve au public qu’il mériterait un peu plus d’enthousiasme.

Martine Bernier

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