Les pleurants des tombeaux des ducs de Bourgogne sont des statues funéraires sublimes et délicates, oeuvres majeures de la fin du Moyen Age.
En ce moment, alors que la planète peste contre les pénibles et continuels bourdonnements qui accompagnent chaque match de la Coupe du Monde de football (les supporters s’en souviendront, des vuvuzellas, ces longues trompettes des tribunes locales donnant l’impression d’avoir un essaim d’abeilles dans la maison…), les trente-neuf pleurants, eux, voyagent discrètement. Recréant autour d’eux cet halo de paix qui est le leur, où qu’ils passent.
Ils voyagent même loin, puisqu’ils sont partis aux Etats-Unis dans le cadre du réseau Frame d’échanges entre les musées français et américains.
Dix-neuf étapes composent leur périple américain, et, à chacune d’elles, les statues sont rejointes par la quarantième figurine conservée au Cleveland Museum of Art.
Le succès de ces personnages de pierres est tel que le National Gallery fort Art de Washington aimerait les accueillir pendant trois semaines.
Ce serait une nouvelle consécration, mais le maire de Dijon, François Rebsamen, n’a pas encore rendu sa réponse.
Il souhaiterait, explique l’Express, que ces oeuvres fassent escale à Berlin à leur retour en Europe, rejointes par les pleurants restés en France.
Ensuite, en mars 2012, ils feront officiellement leur entrée en grande pompe dans le musée des Beaux-Arts de la ville, actuellement en rénovation mais toujours ouvert au public.
A ceux qui se demandent pourquoi des statuettes de la fin du Moyen Age connaissent un tel succès, on ne peut que leur conseiller d’aller les voir.
J’ai chez moi la copie de l’un de ces pleurants, celle du moine blanc.
Ces statues sont poignantes.
Elles sont d’une beauté mystérieuse et profonde, réalisées avec un talent fou par des artistes d’autrefois qui maîtrisaient à la perfection l’art d’imprégner leurs personnages de sentiments bouleversants pour ceux qui les regardent.
Ces pleurants, que l’on ne peut admirer que très exceptionnellement sous tous les angles, comme en ce moment aux Etats-Unis, sont devenus des ambassadeurs de l’Art à travers le monde.
Martine Bernier