David Pujadas, si vous me lisez…

Comme il est difficile d’être journaliste lorsque l’on présente le journal de 20 Heures de France 2 ou d’ailleurs…
Bruno Masure m’en a longuement parlé voici quelques mois déjà, lors d’une interview.
Aujourd’hui, David Pujadas en sait quelque chose.
Se faire insulter gravement par un politicien, se faire traiter de larbin, de pitre inféodé, et voir ces paroles relayées dans la presse et sur Internet, ce n’est pas anodin.
On dit des journalistes d’aujourd’hui, en France, qu’ils ne représentent plus un contre-pouvoir, qu’ils sont assujettis.
Il faut avoir les épaules solides pour assumer…

Mardi soir, David Pujadas était donc l’un des trois journalistes, avec Claire Chazal et Michel Denisot, à interroger Nicolas Sarkozy à la télévision, suite à son remaniement ministériel.
Je me mets à sa place: la pression du public, des politiciens, des critiques de tout bord qui l’attendent au tournant, le regard des collègues… pas facile à gérer.
En juillet, l’interview qu’il avait faite du président français avait provoqué une vague de réflexions: trop mou, ne relançait pas les questions, évitait les sujets difficiles et j’en passe.

Cette fois, il devait donc poser les questions qui fâchent, se positionner comme journaliste indépendant d’esprit.
Il l’a fait.
Un peu trop cependant, à un moment donné.
Le passage concernant les mises sur écoute de journalistes et la disparition d’ordinateurs de certains d’entre eux travaillant sur l’affaire Bettencourt a été maladroitement géré.
En désespoir de cause, n’arrivant pas à provoquer de réaction compatissante chez le président, il a glissé que celui-ci ne donnait pas l’impression de condamner la chose ou de s’y intéresser.
Quand on se retrouve face à un interlocuteur aussi redoutable, c’est donner du grain à moudre…
Il s’est pris la réponse en pleine face:

« Vous imaginez que c’est moi qui organise le cambriolage de l’ordinateur portable d’un de vos confrères ? Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Soyons sérieux… Vous voulez que je m’occupe de savoir si un de vos confrères a perdu son portable ou se l’est fait voler ? »

Et pan, remis à sa place en quelques phrases par un homme qui lui a expliqué que ce n’était pas le rôle du président de la République de s’occuper de ce genre de choses et qu’il avait d’autres dossiers nettement plus importants à traiter.
C’était logique…

Pour les spectateurs qui suivaient la triple interview, la comparaison entre les trois journalistes présents était intéressante.
Tous les trois sont évidemment d’excellents professionnels.
David Pujadas y compris.
J’aime son journal et la façon qu’il a de le traiter.
Mais là… c’est dur.

Martine Bernier

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