Les grandes surfaces sont une source inaltérable de surprises…
Une partie des parents ayant des enfants en bas âge, les installent dans les rabats des chariots conçus pour recevoir les plus petits.
Assis, jambes pendantes, ils sont nettement plus gérables que s’ils galopent dans les rayons.
Samedi, j’ai remarqué que beaucoup d’autres parents, dont les enfants ont dépassé l’âge et la stature leur permettant de se glisser dans ces mini sièges, règlent le problème à leur façon: ils les empoignent et les posent au fond du caddie.
Les gamins, apparemment ravis pour les uns, et très pleureurs pour d’autres, se retrouvent dans un environnement de paquets et d’emballages de toutes sortes au bout de quelques minutes.
Tandis que Celui qui m’accompagne cherchait un article bien précis, mon regard a été attiré par un caddie isolé dans lequel se trouvait une petite fille de trois ou quatre ans, abandonnée devant un rayon frigorifique.
Elle avait un joli visage d’enfant sage et sérieux, encadré par deux nattes blondes.
Elle était carrément noyée au milieu des commissions de ses parents, entourée de pots, de boîtes, de pain, de bouteilles, de sachets…
Le regard perdu, elle rêvait, regardant en l’air, un point qu’elle semblait seule à voir.
Même pas une décoration de Noël… rien.
Je l’ai observée longtemps.
Personne ne revenait auprès d’elle.
Elle ne bronchait pas, ne faisait pas mine de s’énerver ou de se lever
Simplement, elle regardait ce plafond ou évoluait apparemment un monde qui n’appartenait qu’à elle.
Au bout de longues minutes, ses parents sont revenus et ont jeté un paquet de viande dans le caddie.
Elle n’a pas bougé, s’est un peu redressée, et les courses ont continué, tandis que ses parents discutaient entre eux.
Arrivée à mon niveau, je lui ai souri.
Elle m’a rendu mon sourire.
Le sien était lumineux.
Ses grands yeux clairs, tout rêveurs, et ce sourire là…
Un souvenir fugace de l’enfant du supermarché.
Martine Bernier