(Légende photo: ceci est un chien, Pomme Ière du nom.)
Pomme est née dans une famille où vivaient de adultes, des jeunes, des enfants, des chiens, des chats et un aspirateur hyperactif.
Elle a donc été remarquablement sociabilisée.
Le gros et très beau chat roux qui règne sur le quartier, lui, n’a pas dû naître dans une famille où il y avait un chien.
C’est du moins la conclusion que je tire devant l’attitude qu’il affiche
En digne représentant de sa race, il promène sa grâce féline avec un certain dédain saupoudré d’un soupçon d’arrogance lorsqu’il aperçoit un chien et qu’il se sait en sécurité.
Lorsque Pomme le voit, elle ne se tient plus de joie.
Elle bondit vers lui dans l’espoir de pouvoir jouer avec ce mini roi Lion qui, lui, sans reculer d’un pouce, lui fait face et la souffle avec conviction.
Je m’arrange pour ne jamais les laisser seuls.
Trop peur que le bonheur de l’une provoque la peur de l’autre et un coup de griffe irréparable.
Cette semaine, ce Garfield aux manières aristocratiques, a pris position juste en dessous du balcon de Pomme, sur une table en fer blanc, dans le jardin de ma voisine.
Dès que Pomme l’a aperçu, elle a gesticulé, gémi, poussé de petits aboiements.
Bref, elle a tenté d’attirer son attention.
Ce qu’elle a d’ailleurs réussi à faire: dans un grand élan de charité chrétienne, le chat lui a accordé un regard lapidaire avant de détourner son regard jaune vers quelque chose de plus intéressant: sa patte avant droite.
Pomme est illico venue me chercher.
Je l’ai suivie, ai salué le chat, et ai expliqué à mon Mogwaï qu’il ne fallait pas lui en vouloir: il a vécu un événement traumatisant.
Avant que je ne pose mes sacs et mes livres ici, l’élégant rouquin vivait dans cet appartement, squattant les couloirs, les jardins jusqu’au jour où sa maîtresse a déménagé en le laissant sur place.
Un couple l’a recueilli et, depuis, le chat a une vie de pacha.
Mais bon, ce fut un choc.
Mes explications n’ont pas convaincu mon Bichon havanais qui aurait donné n’importe quoi pour aller faire un brin de causette avec Sa Grâce.
Celle-ci lui jetait de temps en temps un coup d’oeil ironique, s’étirait, baillait…
En les regardant, je ne peux m’empêcher de penser que les relations entre chiens et chats sont extrêmement instructives…
Martine Bernier