Quand je suis entrée dans le cabinet du docteur, sachant que j’allais recevoir des résultats d’analyses importants, j’ai joué à la méthode Coué.
– De toute façon, vous allez me dire que tout va bien!
– Et pourquoi pensez-vous cela?
– Parce que je ne suis pas malade.
Il y a eu un blanc.
J’ai regardé l’expression de son visage, et j’ai compris que la méthode Coué, dans certains cas, est une vaste fumisterie.
Mon regard était suffisamment interrogateur pour que le médecin réponde avant que je ne pose la question.
– En fait, je suis désolé de vous décevoir, mais…
Ah, ce mais…
Il m’explique que ma volonté ne suffit pas, me montre des graphiques où je distingue une courbe en chute libre.
Ses explications navrées ne m’assomment même pas.
Il force le ton, devient plus alarmiste, m’explique la situation.
Pourquoi ai-je pensé que, parce que je le décidais ainsi, l’évolution de la situation serait positive?
L’entretien dure longtemps, très longtemps.
Le nouveau traitement à mettre en place est délicat, compliqué.
Il va me falloir du temps pour réfléchir, pour envisager la suite, comprendre ce qui m’arrive.
Mais dès ce vendredi soir, Celui qui m’accompagne sera là, pour plusieurs jours de vacances.
Je pense à tous ceux qui, depuis des milliers d’années, traversent ce que je vis.
La maladie permet un autre regard, une évolution différente, nouvelle.
Je pense à tous ceux, aussi, qui se font passer pour souffrants et qui ne le sont pas.
Il faut être fragilisé(e) pour comprendre que la santé est une richesse avec laquelle il ne faut pas jouer.
Martine Bernier