De Jean Cocteau, nous avons gardé les dessins, les poèmes, les pièces de théâtre…
Mais s’il fut aussi connu, c’est certainement parce qu’il est né avec, non seulement, le don des arts, mais aussi… le don de plaire.
Le « prince frivole », toujours en avance sur les modes, qu’il fume de l’opium ou qu’il revendique son homosexualité, étonnait, dérangeait, séduisait.
Né en 1889 à Maison-Lafitte, dans une famille d’agents de change, il avait l’ambition de faire un jour partie de l’aristrocratie.
Et le destin le combla…
Le 4 avril 1908, le tragédien Edouard de Max organisa une matinée poétique au Théâtre Fémina.
Le Tout-Paris s’y pressa.
La séance était consacrée aux oeuvres d’un jeune poète inconnu, Jean Cocteau.
Du jour au lendemain, il devint la nouvelle coqueluche de la haute société.
Il fréquentait, comme il l’avait souhaité, les duchesses et les gloires littéraires du moment, d’Anna de Noailles à Marcel Proust en passant par Maurice Rostand.
Brusquement, il déserta leurs cercles pour rejoindre des individus résidant à Montmartre ou Montparnasse, dont les audaces faisaient hurler.
Ils s’appelaient Picasso, Max Jacob, Igor Stravinski…
Devenu leur ami, Cocteau devint le propagandiste zélé de cet art nouveau.
Après avoir lancé les Ballets russes avec, notamment, Nijinski, il est devenu le leader d’un mouvement musical: le Groupe des Six, dont le père spirituel était Erik Satie.
Cocteau, charmant bateleur, devint un faire-valoir de premier choix.
De santé fragile, il était pourtant très actif.
Romancier, poète, dramaturge, metteur en scène de théâtre et de cinéma, acteur, critique, essayiste, créateur de décors et de costumes de théâtre, dessinateur d’affiche, de portraits, scénariste, céramiste, potier, lithographe, créateurs de modèles pour les verriers de Murano et les vitraux d’église: il touchait à tout avec talent.
Très croyant, il aimait se retirer dans les chapelles où il peignait des fresques étonnantes à la gloire de Dieu.
Et puis un jour, le 11 octobre 1963, Jean Cocteau est mort d’une crise cardiaque, deux heures après la mort de son amie Edith Piaf.
Certaines phrases qu’il nous a laissées indiquent la personnalité de cet homme hors norme.
Lui qui disait « Nous sommes le rêve d’un dormeur endormi si profondément qu’il ne sait même pas qu’il nous rêve » reste l’un des hommes clés de la première moitié du XXe siècle…
Martine Bernier