A Bruxelles, j’habitais à deux pas du garage Goldstein.
Le fils de ce respectable garagiste s’appelait François.
François Golsdtein.
Comment, cela ne vous dit rien??
Mais enfin!!!
Il a été cinq fois champion du monde de karting en 1969, 70, 71, 72 et 75.
C’était la vedette du quartier.
Une vedette qui, en prime, portait plutôt beau.
Peu intéressée par le sport automobile, j’ai un jour eu l’indélicate idée de dire à son mécanicien, qui me parlait des exploits de son grand homme:
– Oui, c’est bien. Mais… ce n’est que du karting!
Il m’a foudroyée du regard m’expliquant que tous les grands pilotes ou presque commençaient leur carrière par le kart.
Ah.
Je pensais qu’il se moquait de moi.
Jusqu’au jour où…
Lors du Challenge Alazard, où s’alignaient les meilleurs spécialistes européens, un pilote est en tête.
Largement en tête, même.
Quand soudain, un équipier belge du beau François, alors champion du monde en titre, le pousse dans l’herbe.
Profitant de l’occasion, le roi Goldstein, jusqu’alors deuxième, le dépasse et gagne.
Bouh le laid, soit dit en passant.
Fou furieux, le jeune pilote projette son adversaire, le coéquipier de François, hors de la piste, fonce sur lui et lui envoie un magnifique coup de poing en pleine figure.
Horreur, malheur…
Le duel se termine en pugilat général et ledit pilote écope d’une suspension de six mois.
Evidemment, dans le quartier, tout le monde en a parlé pendant des mois.
Comment!!!
Qui était ce jeune butor qui avait osé toucher à notre champion ?
Ou en tout cas à son équipier, ce qui est pareil?
Je m’en souviens comme si c’était hier, alors que je n’étais pourtant qu’une gamine.
Il s’appelait Alain Prost.
Martine Bernier
Qui ne connait pas Alain Prost aujourd’hui