Je ne bois pas d’alcool, c’est ainsi.
Mais je suis intéressée par les dessous de certaines boissons, par le vocabulaire utilisé pour en parler.
Dernièrement, je me suis penchée sur le cognac, et ce que j’en ai appris m’a intriguée.
Dans tous les grands hôtels du monde, à la fin du repas, dans toutes les nations aisées de la planète, son nom revient sans cesse.
Cognac…
La ville du même nom où il est produit est devenue, par la même occasion, l’une des villes françaises les plus célèbres au monde.
Ce qui me touche?
La poésie que l’on trouve dans sa préparation.
Trois cépages sont utilisés pour le créer: l’ugni blanc, la folle blanche et le colombard, qui produisent un vin de qualité plutôt médiocre.
La fermentation dure 15 jours, puis le futur cognac est distillé dans des alambics en cuivre rouge martelé.
Après la première chauffe, on recueille un liquide trouble: le brouillis, qui sera l’objet d’une deuxième chauffe: « la bonne chauffe ».
Elle aura pour effet de sélectionner la meilleure partie de l’alcool, le « coeur ».
A cet moment-là, le cognac n’est encore qu’une eau-de-vie sans couleur.
Il va être mis à vieillir dans des barriques de chêne.
Pendant les premières années, le cognac perdra un degré d’alcool par an, et 2 ou 3% de son volume.
Cette évaporation s’appelle…. la part des anges.
Avouez que c’est joli!
Lorsqu’ils survolent la région, les anges en question doivent rentrer chez eux régulièrement pompettes puisque l’équivalent d’environ 20 millions de bouteilles s’envole ainsi chaque année dans l’atmosphère.
Ce sont ces vapeurs de cognac qui favorisent, sur les tuiles et les pierres, le développement d’un champignon (le torula cognacensis), qui donne aux maisons des distillateurs une couleur noire très caractéristique.
Juste encore un mot.
Le cognac est bu dans le monde entier, mais de manière différente.
En France, en digestif, tiédi, dans un verre tulipe.
En Angletterre, il devient « brandy » et se boit souvent en long drink, allongé de ginger ale.
Aux Etats-Unis, on le trouve comme alcool dans de nombreux cocktails.
Au Canada, on l’additionne d’eau de Vichy glacé.
En Extrême-Orient, il se boit nature au cours d’un repas.
Bref, il est aimé.
Un auteur conquis a d’ailleurs écrit un jour à son sujet:
« L’eau-de-vie de Cognac est un hasard de la nature, un accident heureux et une exception. »
Martine Bernier