Celui qui m’accompagne n’est pas un contemplatif.
Il a besoin d’action.
Depuis quelques jours, tandis que j’écrivais, il disparaissait durant de longs moments dans les sous-sol de la maison, Pomme sur les talons.
Lorsque j’avais terminé, je les rejoignais au garage où je découvrais à chaque fois un aménagement nouveau.
Cette fois, ça a été différent.
J’avais terminé une interview téléphonique et je m’apprêtais à les retrouver.
Mais en ouvrant la porte intérieure du garage, j’ai réalisé… qu’il n’y avait personne.
Disparus!
Dans le couloir, j’ai été attirée par un détail: la clé de la cave était dans la serrure.
J’ai poussé la porte et là…
De cette pièce vide, jusqu’ici uniquement munie d’un tonneau et de quelques rayonnages, il a fait un « carnotzet ».
Qu’est-ce que c’est?
Un helvétisme pour désigner une petite pièce aménagée en lieu où l’on retrouve ses amis pour déguster une fondue, du vin ou des produits typiques.
Une table trônait dans la pièce, entourée de quelques chaises.
Un rideau bordeaux à anneaux avait été soigneusement installé sur une jolie tringle de bois, devant les casiers à bouteilles.
Au mur, les étendards de son bataillon et des souvenirs de sa carrière militaire.
Mais rien d’envahissant: juste un clin d’oeil.
Ici, nous sommes dans son antre.
Des bougies, des verres, des objets qu’il aime…
J’entrais non plus dans une cave mais dans une petite pièce conviviale.
Je l’ai regardé, mon capitaine.
Il riait dans sa barbe, ses yeux pétillaient.
Il avait l’air heureux, ravi de sa surprise.
– Mais… quand as-tu trouvé le temps de faire cela??
– Oh… cinq minutes par-ci par là!
Pomme, assise entre nous, nous regardait à tour de rôle.
Je l’ai ébouriffée:
– Et toi, tu étais dans le secret et tu ne m’as rien dit!
Dans les semaines qui vont suivre, je pense qu’un petit coup de peinture va rafraîchir les murs et achever l’installation du carnotzet.
Le voir aussi ravi m’a attendrie…
Peut-on dire d’un colosse qu’il est émouvant?
Martine Bernier