Certains artistes représentent de vrais soucis pour le chercheurs.
Oubliés, morts dans l’indifférence la plus absolue, leurs collections sont dispersée, mal répertoriées.
Caspar David Friedrich est l’un d’eux.
Lorsqu’il est mort, à Dresde, en 1840, sa disparition n’a intéressé personne et la plupart de ses peintures ont disparu.
De temps en temps, l’une d’elle réapparaît, à la plus grande joie des collectionneurs et des musées.
Enfin… presque.
Car il arrive aussi que ceux-ci s’arrachent les cheveux lorsqu’elles réapparaissent… en plusieurs exemplaires.
C’est le cas pour le tableau ci-dessus, intitulé « Paysage en hiver ».
Il a été redécouvert dans une collection privée, à Paris, en 1982, et acheté cinq ans après par le National Gallery, ravi d’acquérir une oeuvre de ce peintre oublié.
On peut imaginer la stupéfaction et la consternation générales lorsque le musée de Dortmund a annoncé, vexé, qu’il possédait déjà un tableau quasi identique du même artiste, retrouvé pendant la Seconde Guerre mondiale à Dresde.
Il en a pu en peindre plusieurs, direz-vous?
Et bien non: des documents du XIXe siècles recensant les toiles du romantique allemand indiquent qu’il n’existe qu’un exemplaire de ce tableau.
Lequel des deux musées avait l’original?
Leurs laboratoires se sont mis au travail pour analyser les toiles et ont fini par conclure que c’est le National Gallery qui avait la toile authentique.
L’analyse réflectrograme du dessin préparatoire montrait un trait précis dans la première version alors que la seconde ne comportait pas de dessin, ce qui était du jamais vu dans l’oeuvre du peintre.
L’autre toile est donc soit une copie d’élève, soit une réplique réalisée par l’artiste lui-même, soit un faux.
Caspar peut être content: il a refait parler de lui…
Martine Bernier