Une ou deux semaines avant Noël, alors que nous entrions dans une grande surface, côté français de la frontière, nous avons été abordés par un groupe de personnes, à l’entrée du magasin.
Elles nous ont donné un sachet en nous demandant d’y glisser quelque chose pour les Cartons ou les Restos du Coeur.
Le sac en plastique n’a largement pas suffi à recevoir ce que nous avons offert.
Les bénévoles récoltants étaient contents de notre don.
Nos consciences auraient dû se sentir soulagées, pourtant, en nous éloignant, je me sentais mal à l’aise.
C’était bien… mais si peu en regard de ce qui devrait être fait.
Je ressentais le côté indécent de la chose.
Les uns, dont nous faisons partie, préparons des repas gargantuesques pour le réveillon, tandis que d’autres doivent ravaler leur fierté pour aller frapper aux portes des associations humanitaires.
Simplement pour pouvoir manger.
A la télévision, au lendemain de Noël, les responsables des Restos du Coeur lançaient un appel désespéré.
Si quelque chose n’était pas fait dans l’urgence, la 27e campagne hivernale de l’association n’allait pas pouvoir être menée à bien.
Il manquait cinq millions d’euros pour cela…
Cinq millions d’euros…
En écoutant parler la personne interrogée, j’avais le coeur serré.
Et puis, ce matin, aux actualités, la nouvelle est tombée: les grands groupes vont intervenir pour palier le manque et assurer les repas nécessaires.
Un soulagement…
Mais aussi l’impression de voir appliqué un emplâtre sur une jambe de bois.
Les personnes qui s’alimentent auprès des Restos du Coeur, sont en augmentation constante, nous dit-on.
En 2010, 860’000 personnes ont bénéficié de ces repas.
Des gens de tous âges, pas seulement des personnes âgées.
Une fréquentation qui explose, une précarité qui augmente.
Donner à manger, c’est bien, c’est vital.
Trouver une solution pour que chacun puisse vivre dans des conditions décentes, en ayant un travail et des revenus décents, ce serait… l’idéal.
Oui, je sais, je rêve.
Comme Coluche devait le faire aussi lorsque, en créant les Restos, il espérait que son association disparaîtrait un jour, devenue inutile…
Martine Bernier