Le temps « sent » la neige.
Un ciel blanc zébré de gris, une atmosphère spéciale, un je ne sais quoi » d’entre deux »…
Je n’aime pas cela.
Dans mon bureau, je travaille.
Ce début d’année est très chargé, je ne quitte pratiquement pas de mon clavier, si ce n’est pour partir en reportages.
Dans la semaine, Celui qui m’accompagne, me demande:
– Tu viens avec moi en Franche-Comté?
Je savais qu’il devrait s’y rendre une raison bien précise.
Il poursuit en me donnant une date.
– Nous y passerons deux jours et une nuit et nous revenons en fin de journée.
J’ai tendance à me sentir coupable lorsque je ne travaille pas.
Avec tous ce que j’ai à écrire, je pourrais travailler sans interruption 24H/24.
Mais deux jours volé au temps, cela ne se refuse pas.
Avant de partir, je m’applique deux fois plus, règle une foule de détails inhérents à la sortie de « mon » journal.
Mon sac de voyage n’est jamais très loin.
J’y dépose le strict minimum, avertis Pomme que nous allons partir nous balader tous les trois…
Dans la voiture, je respire.
J’aime ces escapades, même si elles sont furtives.
Je regarde défiler le paysage que je connais bien, désormais.
Un paysage d’hier tout en retenue.
A côté de moi, mon Capitaine me sourit.
Ses yeux ont la couleur des torrents de son coin de pays.
La culpabilité se fait discrète.
Les deux jours sont agréables…
J’avais oublié que, comme tout le monde, je me nourris de ces moments hors temps.
Martine Bernier