Les "trucs" du français

D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours trouvé la langue française belle, émouvante à vous en donner des frissons, malicieuse.
Quant à son apprentissage qui a fait grincer pas mal de dents dans les classes que j’ai fréquentées, je le trouvais très drôle.
Comment, non?
Mais si!

Des générations d’écoliers ont eu recours à ces petits trucs enseignés par leurs profs de français pour retenir l’impossible.
Vous en voulez de preuves?

Tout le monde a en tête le fameux « Mais où est donc Ornicar? »
Si Ornicar court toujours, les sept conjonctions de coordination, elles, ne représentaient plus un problème (et,où, ni, mais, car, or, donc).

Pour retenir les principales prépositions, je m’embarquais dans le fameux « Adam part pour Anvers avec deux cents sous ».
(à, dans, par, pour, en, vers, avec, de, sans, sous)
Et, histoire d’accompagner ce bon Adam pour ne pas oublier les autres prépositions, nous avions droit à l’obscur: « Seul on entre chez Durand sur des ourtes à vent derrière deux vans ». (selon, entre, chez, durant, sur, dès, outre, avant, derrière, devant)

Histoire de ne pas oublier que l’on n’emploie jamais le conditionnel (terminaison en -rais, -rait etc) après la conjonction si, j’aimais beaucoup le poétique « les si n’aiment pas les ré »

Pour ne plus confondre « repaire » et « repère », il fallait penser au « repaire de l’aigle », tandis que « l’amande pousse sur un arbre » (contrairement à l’amende qui, c’est bien connu, pousse sur un essuie-glace!)

« Je n’aperçois qu’un p à la fois » devait nous rappeler que, contrairement à la plupart des verbes commençant par ap-, apercevoir ne prend qu’un p…. et « il est âgé pépé » devait nous enfoncer dans le crâne qu’agripper ne prend qu’un g et deux p (AGPP)

Pour ne pas oublier les seuls mots dans lesquels la lettre b est redoublée, nous devions penser aux « bébés gibbeux de l’abbesse et du rabbin qui font sabbat dans l’abbaye avec le gibbon de l’abbé ».

Pour les accents, nous avions droit aux traditionnels « chapeau de la cime tombé dans l’abîme », « le pêcheur à la ligne porte souvent un chapeau », et « le chapeau du boiteux est tombé dans la boîte, celui du goitreux est resté dans le cloître, celui du psychiatre a roulé dans l’âtre ».

Des trucs est astuces de ce genre enseignés par mes vénérés professeurs de français j’en ai des sacs entreposés dans un coin de ma tête.
Qui va encore oser me dire que l’étude de la langue de Molière est fastidieuse?

 

Martine Bernier

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