Le week-end avait été jalonné de jolis moments.
Nous étions dimanche soir, l’heure était venue de passer au moment délicat programmé: le bain de Pomme.
Je l’ai déjà expliqué dans ces pages: un bichon havanais n’a rien d’une Pompadour.
Le bain est une épreuve que Pomme n’apprécie que modérément.
Cette fois, j’avais décidé de tenter de la laver non pas dans la douche mais dans l’évier, recouvrant les alentour de grandes serviettes de bain prêtes à recevoir leur précieux colis.
Etrangement, mon Mogwaï semble avoir apprécié.
Une fois séchée, brossée, passée au sèche-cheveux, récompensée pour sa patience, je l’ai laissée filer.
Peu après, réinstallée dans mon bureau, j’ai entendu le bruit d’une cavalcade à travers tout l’appartement.
Puis j’ai vu passé une boule multicolore suivie d’un diable noir, queue au vent.
Pomme, ivre de joie, s’était tranformée en bombe humaine.
Elle courait à toute vitesse en poussant sa balle en peluche du bout du museau, jappait à qui mieux mieux.
– Pomme??
Elle s’est arrêtée, est revenue en arrière, m’a regardée depuis l’entrée de mon bureau, une patte en l’air.
– Tout va bien?
Elle a agité la queue, m’a adressé ce que je considère être un large sourire, et est retournée galoper d’une pièce à l’autre.
Au bout de quelques minutes, comme elle n’arrêtait pas, je l’ai rappelée:
– Pomme?
Retour de la fusée qui m’a contemplée de son regard de spirou hilare.
– Dis, tu ne veux pas te calmer? Je sais que tu es ravie d’avoir terminé ta toilette, mais tu te rends compte? Si Bruno et moi faisions comme toi à chaque fois que nous prenons une douche, ce serait « Panique dans la Savane » à longueur de journée!!!
Considérant mon discours parfaitement inintéressant, elle est repartie en courant avec sa balle, grognant, renversant son bol ‘eau fraîche au passage.
J’ai donc décidé d’utiliser les grands moyens.
– Pomme? Tu veux un os?
J’ai entendu un coup de frein.
Elle a réembrayé pour repartir en direction du bureau, m’a entraînée devant ‘L’Armoire à Nonosses », a pris délicatement entre les dents l’objet de sa convoitise que je lui tendais, et a filé dans son panier avec le butin.
j’avais désamorcé la bombe.
Quant à elle, une fois son os terminé, elle a repris sa balle, l’a installée dans un de ses paniers, a posé son menton dessus et… a fait semblant de dormir, me surveillant d’un oeil.
Ne me demandez pas pourquoi: ce chien me fait craquer.
Martine Bernier