Nous prenions notre petit-déjeuner lorsque mon Capitaine en est venu à me parler de l’Alpe du Grand Serre, en France, et de deux villages dont il connaissait l’histoire: la Morte et le Désert.
Je trouvais les noms plutôt macabres, quand il s’est souvenu d’une légende.
Elle prend ses racines au XIIe siècle, alors que Saint-Hugues, évêque de Grenoble, mettait en estivage trois de de ses mules dans les montagnes de la Morte.
Le jeune berger ne cessait de s’aventurer plus loin que les pâtures permises, jusqu’au jour où, malgré les avertissements des Mortillons, les mules ont mangé les salades de l’un de leurs potagers.
Fous furieux, les villageois décidèrent à la majorité de tuer les mules de l’évêque en les précipitant dans le vide, sous le regard impuissant du berger.
Inutile de préciser que Saint-Hugues, écoeuré, n’en est pas resté là…
En plein mois d’août, alors que le soleil rayonnait, une brume s’est levée sur le village.
Peu à peu, elle a fait place à un brouillard de plus en plus épais.
Les habitants ne pouvaient plus se rendre dans leurs champs, les récoltes pourrissaient…
Le temps passait, mais le brouillard ne faiblissait pas.
Des semaines, des mois… des années.
Pendant sept ans, le village, peu à peu déserté de ses habitants, a subi la malédiction de l’évêque.
Une autre version de l’histoire raconte que, au Moyen Age, alors que la localité d’Hesbin était une bourgade prospère, elle fut découverte par le terrible seigneur de Valsenestre lors d’une chasse au loup.
Maisons incendiées, habitants égorgés.
Le seigneur maudit a pisté les villageois réfugiés dans les bois, et un brouillard s’est levé si épais qu’aucun d’entre eux n’a pu retrouver son chemin.
Tous sont mort de froid et de misère.
Tous, sauf deux ou trois familles qui arrivèrent à franchir les monts et à s’établir dans la vallée de l’Isère.
Au bout de sept années de brouillard, celui-ci se leva enfin, et les anciens habitants se rendirent sur les lieux où ils ne découvrirent que désolation et champ de ruines.
C’est pourquoi ils rebaptisèrent leur ancien village « La Morte ».
Brrr…
Martine Bernier