J’étais, hier soir, en service commandé pour un magazine.
Comme à chaque fois que je travaille sur un article qui n’est pas encore sorti, je ne peux en révéler le sujet.
Mais disons que, avec mon collègue photographe, je me suis trouvée dans le hall d’un cinéma urbain où il me fallait aborder des personnes qui ne me connaissent ni d’Eve ni d’Adam.
Pas simple.
Quelques-unes ont accepté de jouer le jeu que je leur proposais, d’autres ont décliné ma proposition.
Et tout à coup, je me suis retrouvée face à une dame très souriante.
Elle m’a montré son billet, m’indiquant par ce geste qu’elle faisait bien partie de la catégorie des personnes que je cherchais à atteindre.
Lorsque je lui ai demandé si elle acceptait de répondre à mes questions, elle a eu un air désespéré, a eu un geste d’impuissance.
Comme elle ne prononçait pas un mot, j’ai eu comme un doute.
Avait-elle un problème de gorge, était-elle aphone?
Je n’ai pas voulu la perturber et je l’ai laissée s’éloigner en lui souhaitant une bonne soirée.
L’employé du cinéma qui m’avait indiqué par un geste que cette dame correspondait aux critères que je recherchais m’a fait un signe et je suis allée échanger quelques mots avec lui:
– Je n’ai pas pu vraiment parler à cette dame, je crois qu’elle avait un problème…
Et lui, très ennuyé, m’a répondu:
– Oui… j’ai réalisé un peu tard, après vous l’avoir envoyée que… elle est muette.
Ce genre de chose ne m’était encore jamais arrivé…
Comme me l’a fait remarquer mon Capitaine par la suite, je devrais apprendre le langage des signes.
Elle avait peut-être beaucoup de choses à exprimer…
Martine Bernier
