Il y a trois jours, j’ai reçu un message d’une amie.
Elle me transmettait un texte qui, apparemment, voyage à travers le monde par boîtes mail interposées.
Il parlait d’Irena Sendler et expliquait que, » pendant la 2e Guerre Mondiale, cette femme allemande courageuse avait sauvé des enfants juifs en les faisant fuir du Ghetto de Varsovie. »
Si l’histoire de cette femme m’a interpellée, j’ai préféré ne pas vous la livrer telle que je l’ai reçue, voulant d’abord en vérifier la teneur.
J’ai eu raison: le texte était approximatif et comportait des erreurs.
Ceux qui ont lancé ce message se sont basés, semble-t-il, sur le film retraçant la vie de celle qui s’appelle Irena Sendlerowa, mieux connue sous le nom de Sendler, résistante et militante polonaise et non allemande.
Elevée par un père qui lui a enseigné le sens de l’égalité des races, des religions et des nationalités, la jeune femme ne pouvait qu’être heurtée par la discrimination envers les Juifs.
Dès le début de l’occupation allemande, elle a travaillé au Département de l’Aide Sociale à la mairie de Varsovie, organisant l’aide aux personnes démunies.
Et c’est là, à travers la section d’aide à l’enfant dirigée par l’écrivain Jan Dobraczynski, que s’est organisé l’accueil des enfants abandonnés, très nombreux dans la ville, et l’aide aux enfants échappés du ghetto.
Avec ses collèges, Irena va sauver 2500 enfants en leur permettant de quitter le ghetto, cachés dans des valises, sous des civières ou sous un manteau.
Consciente qu’un jour ces documents seraient vitaux pour l’identification des familles, la jeune femme a consigné tous les noms et les prénoms des enfants ainsi que les renseignements concernant leurs proches, en double exemplaire sur du papier fin glissé dans deux bouteilles en verre enterrées dans la cour de l’école.
En 1943, son action est découverte.
La Gestapo l’arrête chez elle, lui brise les pieds et les jambes au cours d’interrogatoires d’une violence rare.
Mais elle garde le silence, un silence qui lui vaut une condamnation à mort.
Alors qu’elle est emmenée vers le lieu de son exécution, elle est sauvée in extremis par la résistance polonaise qui a réussi à corrompre un soldat allemand.
Cette femme exceptionnelle de courage a toujours estimé « qu’elle en avait fait trop peu ».
Et pourtant…
Une multitude de récompenses sont venues saluer son action pour les enfants du ghetto.
Elle a reçu le titre de « Juste parmi les nations », est devenue citoyenne d’honneur de l’Etat d’Israël, s’est vu décernée des médailles et les prix renommés.
Elle est même proposée pour le prix Nobel de la Paix, mais mourra, en 2008, à l’âge de 98 ans, sans l’avoir reçu.
Dans une lettre, Irena, qui n’a jamais voulu être reconnue comme héroïne, a écrit ceci:
« J’appelle tous les gens de bonne volonté à l’amour, la tolérance et la paix, pas seulement en temps de guerre, mais aussi en temps de paix »