Ils nous accompagnent pendant toutes nos études.
Certains nous laissent des souvenirs enchantés, d’autres nous font grincer des dents.
Qui?
Nos manuels scolaires, évidemment…
J’étais en primaire lorsque j’ai reçu mon premier livre d’Histoire, comme tous les enfants scolarisés.
Il était rempli d’images, de plans et de photos.
L’une de ces images m’a attirée et fascinée à tel point qu’aujourd’hui encore, elle dort quelque part au creux de ma mémoire.
Elle représentait deux chevaliers porteurs de heaumes et de cottes de mailles, qui, perchés sur leurs fiers destriers, se battaient à l’épée.
Je ne l’ai jamais revue depuis, mais elle marquait un événement important de l’Histoire de la Belgique.
Ce dessin nous faisait découvrir la célèbre « Bataille des Eperons d’Or ».
Elle a eu lieu le 11 juillet 1302, près de la forteresse de Courtrai, mettant en présence l’armée féodale du roi Philippe le Bel et les milices communales de Flandres.
A la tête de l’armée française: Robert II d’Artois, menant ses chevaliers en nombre nettement plus important que les Flamands.
A priori, ils auraient dû gagner.
Mais non.
Les chevaliers français étaient tellement pressés de se battre et de régler leur compte à leurs adversaires qu’ils ont bousculé et renversé dans leur empressement leurs propres fantassins, alors appelés « les piétons ».
Lançant leurs chevaux au galop vers l’ennemi, ils sont tombés dans les fossés préparés par les Flamands pour s’abriter.
Le résultat a été désastreux.
L’armée française a été dévastée et Robert d’Artois a lui aussi perdu la vie dans la bataille.
Cette terrible histoire était donc illustrée de manière romantique dans mon livre, par ces chevaliers en plein effort.
Tous deux portaient des éperons.
A la fin du combat, les Flamands ont ramassé dans la boue du champ de bataille les éperons d’or portés par les chevaliers.
Ces ornements ont ensuite orné l’église de Notre-Dame de Courtrai.
En Belgique, certains pensent que cette page d’histoire a été la première manifestation de l’unité belge, car les francophones du comté de Namur avaient alors combattu au côté des Flamands.
Le site Hérodote.net en parle, expliquant que c’est l’historien belge Henri Pirenne qui avait soulevé cette particularité.
D’autres estiment que cette opinion est purement idéologique
C’est dire si nos manuels estimaient importants de nous parler de cette bataille dont le nom porte à tort un parfum plus romantique que sanglant.
Expliquant également que, deux ans plus tard, Philippe Le Bel avait lavé son honneur en obtenant une revanche éclatante lors de la bataille de Mons-en-Pévèle.
Il n’a alors pas hésité à se battre au côté de ses troupes.
Au terme d’une brillante victoire, il avait récupéré les éperons d’or et les avaient déposés dans une église dijonnaise.
Non mais!
Martine Bernier