Je devais avoir 7 ou 8 ans lorsque j’ai reçu un grand livre un peu particulier.
Très illustré, il expliquait le cycle des arbres, des fleurs, des plantes, racontait l’histoire de la vie d’une pomme, etc.
J’ai immédiatement été attirée par une image, au milieu du livre, qui montrait un vieil homme travaillant dans son laboratoire, entouré de fioles et de petits pots mystérieux.
Et, dessous, un tableau beaucoup plus fouillé qui avait dû servir de modèle à l’image plus moderne, plus claire et plus accessible qui en avait été tirée.
Herboriste ou alchimiste?
Vu le thème du livre, il aurait dû être herboriste.
Mais il était un peu des deux, mystérieux à souhait.
Un homme visiblement plein de savoir, dont la population pouvait attendre beaucoup.
Rassurant, à mes yeux.
J’ai eu un tel coup de foudre pour ce personnage que j’ai tenté de le redessiner à l’infini pendant des mois.
Le temps a passé.
Le livre a disparu, comme la plupart de ceux que j’aimais, lorsque ma mère et mes frères les ont vendus pour certains, donnés pour d’autres, alors que, pour la première fois de ma vie, je m’étais éloignée de la maison seule, pour plus de trois mois.
Hier, alors que je cherchais une information sur un moteur de recherche, j’ai été captée par le dessin ci-dessus.
Mon tableau!
J’ai découvert qu’il s’agissait d’un tableau de David Teniers le Jeune, disciple de Rubens: « Un alchimiste dans son atelier ».
J’avais la réponse à ma question: le mystérieux personnage de mon livre d’enfant était donc bel et bien alchimiste et non herboriste…
Martine Bernier