Vous savez sans doute qui sont « Les Hussards ».
Pas les soldats, non, mais le mouvement littéraire né dans les années1950-1960, opposé à Sartre et à l’existentialisme.
Il devait son nom au titre du roman de Roger Nimier: « « Le Hussard Bleu », nom choisi par Bernard Frank, auteur du livre « Les Temps modernes ».
Nimier était journaliste et écrivain, né en 1925.
Ceux qui l’ont connu à n’importe quel âge de sa vie, soulignaient son intelligence et sa mémoire hors du commun.
Il était un critique au regard mélancolique, craint et respecté, avait la réputation d’être un éditeur qui n’avait pas froid aux yeux.
Dans ses articles de presse, il raillait les intellectuels ralliés à Sartre… allant parfois trop loin dans ses propos, comme ce fut le cas lorsqu’il parla de la guerre froide en février 1949, dans la revue gaulliste « La Liberté de l’esprit ».
Il y écrivit « Et comme nous ne ferons pas la guerre avec les épaules de M. Sartre et les poumons de M. Camus… »
Or…. Camus était tuberculeux.
Le tollé provoqué par ces propos fut tel que Nimier s’en est pudiquement excusé…
Si vous n’avez pas lu ses livres, peut-être avez-vous vu le film tiré de l’un d’eux au cinéma: « D’Artagnan amoureux ».
Le plus célèbre des films auxquels il a prêté sa plume en coécrivant le scénario et en signant les dialogues étant « Ascenseur pour l’échafaud ».
Respecté, reconnu, Roger Nimier a laissé une trace dans la littérature bien qu’il soit parti très tôt.
Il aimait les belles voitures, la vitesse…
Le 28 septembre 1952, alors qu’il vient de terminer « D’Artagnan amoureux », il se rend à une rendez-vous avec Antoine Blondin et Louis Malle.
Il retrouve ensuite la blonde et jeune romancière Sunsiaré de Larcône avec laquelle il se rend à un cocktail où ils boiront quelques verres avant d’emprunter l’autoroute de l’Ouest où ils ont un autre rendez-vous avec leur destin.
Quelques instants plus tard, alors que la voiture est lancée à pleine vitesse, c’est l’accident.
Les deux occupants meurent sur le coup.
Il a par la suite été dit que c’était la jeune femme qui conduisait, une rumeur longtemps tenue secrète pour, dit-on, éviter les problèmes avec l’assurance.
Sunsiaré avait l’habitude de conduire pieds nus…
Une touche de romanesque dans une disparition précoce…
Cinquante ans après l’accident, en 2012, les livres de Nimier ont été réédités, et deux ouvrage lui ont été consacrés (« Nimier », Cahier de L’Herne, collectif ; « Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent et l’esprit Hussard »; Edition Pierre-Guillaume de Roux).
Un destin à la James Dean pour un esprit vif et insolent…
Martine Bernier