Pomme et la pluie

La première sortie du matin est importante pour Pomme.
Sa préférée, sans doute.
Elle a horreur d’être attachée.
Donc, je la laisse courir dans le jardin et procéder à son exploration minutieuse et quotidienne des lieux, l’accompagnant avec, dans la poche, un petit sachet, prête à intervenir en cas de nécessité.
Cette sortie est aussi celle que j’aime le moins.
J’ai peu de temps, sachant que 1000 tâches m’attendent dans mon bureau.
Donc, nous nous concentrons pour que chacune y trouve son compte.
Je la laisse flairer les arbres, la haie et le gazon, se soulager, vérifier que la famille oiseau qui squatte le sapin est bien là et que les chats, eux, ne s’aventurent pas sur son territoire,  puis nous nous courons mutuellement après pendant quelques minutes avant de reprendre le chemin du Nid.

Ce matin, mon Mogwaï se précipitait donc joyeusement vers la porte d’entrée, lorsqu’elle a déchanté.
Un vent puissant accompagné d’une bonne pluie nous attendaient sur le perron.
Nous nous sommes arrêtées toutes les deux sous l’avant-toit, d’un même geste.
Nous avons vu les arbres onduler sous le souffle féroce, le gazon trempé… et nous nous sommes regardées.
Je crois beaucoup à l’éducation par l’exemple.
Je me suis donc courageusement avancée au milieu de la pelouse, et me suis retrouvée trempée jusqu’aux os en un clin d’oeil.
Ce qui ne m’a pas empêchée d’appeler Pomme d’un ton encourageant… un brin forcé.

Et là, ma petite « bichonne havanaise » a eu la réaction à laquelle je ne m’attendais pas.
Elle s’est retournée, s’est assise devant la porte, tournant la tête vers moi pour me lancer un regard de reproche.
Que j’ai clairement traduit pas:
– Toi, fais ce que tu veux. Moi, je rentre.

Martine Bernier

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