Bichon havanais: Pomme et la tourterelle

De temps en temps, assez rarement, nous recevons la visite d’une tourterelle.
Elle arrive tôt matin, et commence à roucouler pendant de longues minutes, sans que nous puissions la voir.
Pomme, qui aime voir ses interlocuteurs, ne supporte pas cet oiseau fantôme dont les roulades l’énervent prodigieusement.
En début de semaine, elle m’en a fait une brillante démonstration.
Il n’était pas encore 7 heures, et  je venais de commencer à travailler.
Mon Mogwaï s’était langoureusement blotti dans son « panier du bureau », à deux mètres de moi, et terminait sa nuit.
A l’exception de quelques bruits de voitures matinales, tout était calme, tranquille.
Jusqu’au moment où le silence a été déchiré par une série de rou-rouuuu, rou-rouuuu.
Le chant paraissait très proche de nous.
Dans un premier temps, je n’y ai pas fait attention, notant juste machinalement que la tourterelle était revenue.
Mais Pomme ne l’entendait pas de cette oreille.
Bien que très consciente du fait qu’elle ne peut aboyer qu’en cas d’urgence, elle a décidé de me prévenir de la présence de l’intruse.
Mais pas en utilisant son aboiement traditionnel jouant dans le « wouaf » perçant.
Non.
Tout en restant dans son panier, elle a levé la tête, museau en l’air, et a lancé un « wou-ouuuu », qui l’a elle-même étonnée.
Elle se prenait pour un loup.
Un bichon loup au cri plutôt sourd.
Interloquée, nous nous sommes regardées, et je ne suis pas sûre que j’étais la plus étonnée des deux.
– Mais, Pomme… qu’est-ce que tu fais?

Elle m’a toisée et a ajouté un « wouf » bien distinct, mais peu sonore.
Illico, la tourterelle a répondu.
Cette fois, c’en était trop.
Mon Mogwaï a couru sur le balcon, s’est plantée sur ses pattes arrières pour prendre appui contre  le petit mur et a regardé ce qui se passait aux alentours, par l’ouverture que lui a aménagée mon Capitaine entre les fleurs et les tomates.
Rien à l’horizon, elle a repoussé un léger wouf et est revenue se coucher dignement dans son panier.
C’est le moment qu’a choisi la tourterelle pour recommencer à roucouler de plus belle.
Cette fois, comme j’avais envie de pouvoir écrire en paix, j’ai pensé mettre fin au manège en fermant la porte-fenêtre du balcon.
Mais… étrangement, les roucoulements qui nous parvenaient semblaient provenir de l’intérieur.
Inacceptable pour Pomme qui s’est levée pour faire le tour du propriétaire.
C’est en la suivant que j’ai vu qu’une fenêtre était largement ouverte au salon.
Et là, dehors, sur le rebord du toit de la voisine, j’ai aperçu la tourterelle que j’ai montrée à Pomme, très intéressée de voir enfin la « bestiole » qui émet ce chant si agaçant à ses yeux…. ou à ses oreilles.
Nous l’avons observée pendant quelques instants.
A chaque fois qu’elle roucoulait, Pomme grognait.
Vous me croirez ou non, mais lorsque nous sommes parties, la tourterelle nous a saluées de la tête.
Si.

Martine Bernier

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