Lorsque j’ai eu mes enfants, j’ai tissé des liens avec quelques jeunes femmes, mamans comme moi, qui me sont devenues proches.
Certaines étaient des « copines ».
D’autres, plus rares, des amies.
Sylvie faisait partie de ce dernier groupe, tout comme Georgette, que j’avais baptisée, « Femme Fleur » dans l’une mes chansons.
La première était toujours pimpante, avait un rire frais, le goût du travail bien fait, du détail et de l’accueil.
La seconde avait un physique romantique, un solide sens de l’humour, un don marquée pour l’art des bouquets et le dessin.
Sylvie avait un fils et une fille, du même âge que mes garçons.
Ils allaient à l’école ensemble, et nous, en tant que mamans, avons évoluée en même temps qu’eux.
Les deux enfants de Georgette étaient à peine plus âgés, et nous nous retrouvions à travers des expériences éducatives souvent similaires.
Nous avions toutes en commun l’envie de faire le mieux possible, de leur donner tout ce que nous pouvions d’amour, d’attention, de soins, de temps…
Nos enfants sont devenus des adolescents.
Nous vivions avec eux des moments merveilleux, et d’autres, plus compliqués.
C’est le lot de tous les parents, de tous les enfants, de tous les êtres humains.
Ils se cherchent, se trompent parfois de route, font des erreurs, grandissent de leurs errances lorsqu’elles ne les brisent pas.
La vie m’a entraînée ailleurs.
J’ai repris mes études à l’âge où d’autres sont déjà installés dans leur carrière, j’ai suivi d’autres chemins.
Et j’ai quitté le village, me laissant emporter dans le tourbillon de ma nouvelle existence.
J’ai travaillé longtemps pour un grand quotidien et plusieurs autres publications, ce qui dévorait mon temps.
Et j’ai perdu de vue celles qui ont fait partie de ma vie pendant des années.
Un jour, il y a quelques semaines à peine, j’ai reçu sur Facebook un message inattendu.
Je n’ai pas reconnu le nom tout de suite.
Et puis… j’ai réalisé qu’il s’agissait de Sylvie, qui s’est remariée voici quelques années et a donc changé de nom.
Elle me parlait de sa nouvelle vie, de son parcours.
Et j’ai été touchée de voir qu’elle non plus n’a pas été épargnée.
J’ai malheureusement dû lui paraître très lointaine en répondant évasivement à sa proposition de nous revoir.
Pas par manque d’envie, non… mais en ce moment par manque de temps.
Je n’ose pas promettre des choses que je ne peux pas tenir.
Ce matin, un message publié sur mon mur facebook m’attendait depuis deux jours.
Je n’avais pas eu le temps de retourner sur le réseau, et j’ai eu l’émotion de le lire avec un peu de retard.
Elle me disait avoir découvert Ecriplume et me faisait part de son ressenti face aux textes qu’elle a lus.
Dans la même conversation, Georgette a réagi, lui disant qu’elle aussi était devenu accro.
Et Sylvie lui a confié qu’à sa première lecture, elle est restée sur Ecriplume jusqu’à 3 heures du matin.
En regardant leurs messages, j’ai souri.
Ces deux femmes revenues de mon passé, qui, comme moi, ont marié leurs enfants récemment, sont grand-mères ou sur le point de le devenir.
Nos trois chemins si différents, nos combats, nos rires et nos chagrins me sont revenus.
Je réfléchissais tout à l’heure.
Les revoir, oui… j’en ai très envie.
Mais le temps est passé par là…
J’ai pris de l’âge, ma silhouette s’est arrondie, ma personnalité s’est transformée… je ne ressemble plus que de loin à la jeune femme de 25 ans qui emmenait ses enfants à l’école.
Peut-être les décevrais-je.
En regardant en arrière, j’ai l’impression d’avoir vécu dix vies… toutes d’une richesse incroyable.
Et sans doute ont-elles toutes deux le même sentiment, la même expérience.
J’ai eu Georgette au téléphone il y a quelques semaines.
Je l’écoutais me parler de sa vie .
Et je pensais: « C’est étrange… comme si le temps n’avait pas filé… »
Oui, trois chemins, trois destins, trois vies très différentes.
Il y aurait matière à un livre… le livre de nos vies…
Martine Bernier
4 réflexions sur “Sylvie et Georgette”
La femme fleur te remercie infiniment pour ce bel hommage et te dis que je n’attends plus que le moment de nos retrouvailles. C’est indéniable que nos avons toutes changé mais le fond de nos coeur reste le même. Tu as partagé une partie de ma vie que je n’oublierai jamais et tu as su me réconforter dans les moments les plus durs de ma vie. Tu es une belle personne et je ne suis pas la seule à le penser. Toute belle journée ensoleillée à toi et à toute ta petite famille.
C’est vrai que, en repensant à toutes ces années, hier, je me disais que les souvenirs de ces moments à la fois tragiques et heureux nous a unies à jamais. Ils restent le ciment de nos vies… Merci, Georgette…
Les circonstances de la vie nous ont séparées. je n’ai pas non plus su conserver le lien qui nous unissait, prise dans le tourbillon d’une vie compliquée, essayant d’avancer coûte que coûte. Par contre , tu es toujours restée dans un coin de ma mémoire. Tu as été la première personne qui a su me comprendre quand je suis arrivée à Leysin, car les relations que je tissais dans mon activité n’étaient pas en phase avec mon moi profond.
Je partage l’avis de Georgette sur ta belle personnalité.
J’ai également beaucoup changé, devenue plus forte car les difficultés de la vie vous endurcissent mais le moi profond est toujours le même, le coeur est resté le même et il ose plus s’ouvrir maintenant.
Je serai très heureuse de nous revoir , dès que ce sera possible pour toutes les deux, simplement et naturellement.
Depuis que ma petite fille Kyra est née le 1er février 2013, la vie a pris un autre sens et j’essaye d’en profiter au maximum. Elle est mon rayon de soleil.
Encore merci pour la place que tu m’as donnée et pour ce beau texte et ….à bientôt.
Merci, Sylvie… Plus encore que lorsque j’ai écrit mon texte, je suis frappée par le fait que toutes les trois, nous avons avancé, nous nous sommes frayé nos chemins, nous avons évoluées au fil des événements de nos existences. C’est finalement la grande aventure de la vie… et le fait de se retrouver tant d’années après est un cadeau… Oui, à bientôt!