Je devais téléphoner à une personne pour un renseignement me permettant de terminer un article.
Hier matin, donc, je compose le numéro du monsieur en question et une petite voix me répond:
– Bonzzzzouuur!
– Bonjour! Je m’appelle Martine , et j’aimerais parler à ton papa. Est-ce qu’il est là?
– Non! Il travaille.
– Alors, est-ce que je pourrais parler à ta maman?
– Non. Elle est au travail auzi.
Ouille.
La situation se complique.
– Mais tu n’es pas toute seule?
– Ah non, il y a Zules.
– Jules? Je peux lui parler?
– Zi tu veux, mais y voudra pas.
– Ah bon? Mais… pourquoi?
– Zules, z’est mon sat.
Son chat.
Je sens le fou rire monter dangereusement.
– J’ai cru que Jules, c’était ton grand-frère.
– Nan, z’ai pas de grand frère. Zules, y z’appelle Zules parce que ze m’appelle Zulie et z’est moi qui ai soizi zon nom.
– C’est un très joli nom!
– Et z’ai trois zans! Presque quatre!
Je désespérais un peu d’arriver un jour à parler à un bipède de plus de 5 ans lorsque j’ai entendu une voix grave:
– Julie? Qu’est-ce que tu fais au téléphone?
– Ze parle avec Martine.
– Martine?
– Oui, elle est zentille.
– Tu veux me passer le téléphone?
Julie me glisse quelques mots:
– Ze te paze mon Papy! Zalut!
La voix grave a résonné dans l’écouteur et je me suis entendu lui répondre:
– Bonzour…
Horrifiée, je me suis répandue en excuses amusées lorsque mon interlocuteur, hilare, m’a interrompue:
– Je vous rassure: ça nous fait la même chose à tous après plus de trois minutes passées avec Zulie!
Martine Bernier