Journal pas trop intime, 2…

Les jours où je dois partir tôt pour mes articles, mes textes d’Ecriplume abordent des sujets qui ne me demandent pas de recherche particulière.
Comme aujourd’hui.

Mardi 27 janvier

La Dame de Chiboz me dit avoir ri en lisant le texte « La Promesse » dans lequel, il y a quelques jours, je relatais un épisode farfelu avec mon Capitaine.
Je lui confie qu’il a eu une suite.
Le jour suivant celui où j’avais décroché de haute lutte la promesse datée et écrite de Celui qui m’accompagne prenant l’engagement qu’il ne critiquerait plus injustement ni les Suisses ni la Suisse pendant un an, il m’en reparle dans la cuisine en riant aux éclats et en me demandant:
– Tu l’as bien lue?
Evidemment… sa déclaration m’a mis la puce à l’oreille!
– Oui. Pourquoi? Tu m’as roulée?
Il a répondu en riant de plus belle.
J’ai donc été chercher le document en question… et j’ai réalisé qu’il l’avait daté du 1er janvier… 2014!!
Je vous passe les détails…
Mais mon mari hilare a fini par faire amende honorable en me fournissant un autre papier… sans entourloupe, cette fois!

La journée est riche en échanges passionnants.

J’ai l’occasion d’interroger une personne remarquable.
C’aurait dû être une petite interview téléphonique banale, cela devient un échange d’une richesse exceptionnelle.

Le rythme de mes journées est très intense depuis quelques mois, et plus encore depuis le début de l’année.
Et j’adore ça…

En fin de matinée, alors que je suis dans tout autre chose, l’un de mes rédacteurs en chef me demande si je serais intéressée par un sujet qu’il m’expose.
L’idée m’enthousiasme, et je lui propose de m’adresser à une personnalité très connue en Suisse et à l’étranger pour voir si cette personne serait d’accord de se prêter au jeu de l’interview.
Ma proposition est agréée et je laisse un message sur le répondeur du monsieur en question.
Cet homme, je l’ai rencontré pour un autre article il y a déjà quelques années.
Nous avions passé ensemble un moment exceptionnel et il m’avait conviée chez lui où j’avais rencontré son épouse.
Ce jour-là, il s’était passé quelque chose de beau et de fort.
Depuis, je pense à lui avec tendresse.
Mais c’était il y a longtemps… j’ignorais s’il se souvenait encore de moi.
En fin d’après-midi, le téléphone sonne.
C’est lui qui me rappelle.
Nous engageons la conversation et je lui dis:
– Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi… nous nous sommes déjà rencontrés.
– Très bien! Vous étiez venue à mon bureau et je vous avais emmenée chez moi. Vous êtes l’une des rares que j’ai reçues dans ma maison…

Nous conversons quelques instants, il accepte tout de suite ce que je lui propose cette fois.
En raccrochant, je suis émue et je me réjouis de ce travail que nous allons faire ensemble, intimiste comme je les aime.
Un journaliste m’a un jour dit: « Dans notre métier, si vous êtes aimée, vous êtes mauvaise. Plus vous êtes détestée, plus vous êtes bonne journaliste. »
J’ai vécu des années en étant malheureuse dans mon travail simplement parce qu’il m’était impossible d’adhérer à cette phrase.
Pour moi, servir l’information ne nécessite pas de se comporter en barbare.
Heureusement, un autre journaliste, tout aussi reconnu que le précédent, et auquel j’avais parlé de cette déclaration qui me perturbait, m’a confié bien plus tard:  » C’est un métier de passion. Tu peux tout obtenir en restant droite et honnête. Et si en plus tu aimes et respectes les gens, tu fais un journalisme constructif.  »
Il avait raison…
Le soir, je regarde comment se portent New York et toute cette partie du monde qui craignaient la veille un blizzard particulièrement violent.
Il était annoncé des chutes de neige de 60 cm.
Finalement, il en est tombé 15.
La ville a été paralysée par mesure de prévention.
Plus personne dans les rues, les voitures et les taxis immobilisés tout comme le métro, les habitants invités à rester cloîtrés chez eux.
Les journalistes s’en sont donné à coeur joie, filmant des scènes fascinantes de New York ville morte, dignes d’un film de science-fiction.
Certains habitants grognent sur ces mesures de prévention trop importantes en regard de l’importance de l’événement.

En fin de soirée, mon Capitaine et moi allons lire.
Je retrouve avec délice « Pourquoi partir », de Jacques Chancel.
Je l’avais commandé avant son départ, il n’est arrivé qu’ensuite.
Et je suis happée par cet ouvrage qui témoigne de sa brillance…

Martine Bernier

 

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