Michel Lancelot et Campus

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La première émission radiophonique qui a marqué ma mémoire n’était pas une émission pour enfants.
Il s’agissait de « Campus », animé par un journaliste qui m’a marquée: Michel Lancelot.
Je devais avoir dix ou onze ans quand je suis « tombée » sur cette émission qui traitait de sujets dont on ne parlait pas ailleurs, introduite par un indicatif « bizarre ».
L’actualité internationale, les sujets qui fâchaient comme l’homosexualité, le suicide…
C’est l’oreille collée au poste que, pour la première fois, j’ai suivi un débat sur la peine de mort et que j’ai commencé à y réfléchir.
L’émission était puissante, mais aussi entrecoupée de musique anglo-saxonne que l’on n’avait pas forcément l’habitude d’entendre.
De grandes interviews étaient également consacrées aux artistes incontournables de l’époque: Jacques Brel, Gainsbourg, Ferré, Brassens dont il était l’ami…
Il était un formidable intervieweur, savait captiver ses auditeurs.
C’était à la fin des années 60 et au tout début des années 70.
Je ne comprenais sûrement pas tout, mais j’écoutais, fascinée.
Michel Lancelot m’a apporté une ouverture sur le monde grâce à son apport d’une richesse folle dans le registre de la « contre-culture ».
Quand il est arrivé à la télévision, sur ce qui s’appelait encore l’ORTF, je n’avais pas toujours le droit de suivre ses émissions.
Ma mère et mon frère aîné  estimaient que ce n’était pas de mon âge.
Je n’ai donc pas pu suivre davantage le travail de cet homme avant la fin des années 70 où j’ai eu l’occasion de voir un ou deux films de sa série « Peintres de notre temps ».

Michel Lancelot est mort jeune, à 46 ans.
Bien plus tard, j’ai eu envie d’en savoir un peu plus sur celui qui avait fait partie de ceux qui m’avaient entrouvert des portes.
C’est en  lisant le blog de Jean Pelletier (jmpelletier52.overblog.com) que j’ai appris que le personnage était très complexe.
Voici ce qu’il écrit:

Il restera dans la mémoire collective le symbole de la contre-culture pour toute cette génération, dont je fais partie. Il laissera aussi derrière lui un mystère, personnage complexe qui de la contre-culture, n’hésitera pas à collaborer avec le journal d’extrême droite Minute d’octobre 1966 à mai 1968, comme rédacteur en chef adjoint, en charge de la rubrique spectacle. Celui-là même qui demanda en mai 68 l’expulsion de l’Allemand juif Daniel Cohn-Bendit.

Mais s’il fut celui qui porta la parole du Che, il s’adonna aussi au mysticisme le plus obscur, celui de Gurdjieff et Lanza del Vasto s’interrogeant sur le racisme et les origines…

Troublant…
J’ignorais ce côté de sa personnalité.
Un dossier de Cécile de Kervasdooué et Gilles Pidart « Michel Lancelot ou les ambiguïtés de la contre-culture » a achevé de me faire comprendre que le caractère de l’homme était difficile et qu’il avait un mode de vie auquel je n’aurais pas adhéré.

Je n’aurais pas adhéré à la face obscure de sa personne, mais je continue à dire que sa façon anticonformiste de traiter ses sujets, de mélanger les genres et de provoquer le débat a été passionnante…
Martine Bernier

Lancelot interview Brassens

par

3 réflexions sur “Michel Lancelot et Campus”

  1. Nous ne nous connaissons pas, Martine, mais j’aurais pu écrire cet article au mot près, tant je partage votre manière de percevoir cet homme dont je dis souvent qu’il m’a ouvert l’esprit et dont j’ai toujours une photo dans mon bureau.
    Cordialement

    Paul Couturiau

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