Je ne sais pas si c’est dû à mes origines belges, mais j’ai une grande tendresse pour certains personnages de BD venus au monde à peu près en même temps que moi. Parmi eux, Gaston Lagaffe. Il est né en 1957, je suis arrivée deux ans plus tard.. et j’ai comme l’impression que sa naissance a bouleversé le monde bien davantage que la mienne! Il me semble que j’ai grandi avec lui. D’aussi loin que je m’en souvienne, je l’ai toujours connu, d’abord dans Spirou, puis dans les livres consacrés à ses mésaventures. Et j’ai toujours regretté de ne pas avoir eu le bonheur de rencontrer son génial papa, André Franquin. Avec Achille Talon, Boule et Bill et quelques autres, Gaston est devenu l’un des personnages qui ne m’ont plus quittée. Pourquoi cet amour inconditionnel? Parce qu’il est le prototype même de l’anti-héros et que, avouons-le, il y a un peu de lui dans beaucoup d’entre nous. Moi y compris! J’ai la collection à peu près complète de ses gags. Mais lorsque mon Capitaine a commencé à m’apporter tous les quinze jours les albums réédités, agrémentés d’anecdotes et de renseignements passionnants, j’ai à nouveau été happée par le charme de cet attendrissant bidouilleur-gaffeur. Je crois qu’il doit être le seul personnage de BD à avoir eu au départ la même vocation que les clowns qui viennent distraire le public entre deux numéros de cirque. Dans le journal « Spirou », au début, Gaston, c’était cela. Il n’avait pas de rubrique « à lui », mais animait le journal en apparaissant de-ci de-là. Par la suite, lorsqu’il a disposé de ses propres albums, le personnage a toujours eu un statut un peu flou au sein de son entreprise. Archiviste, documentaliste, personne ne sait vraiment quelle est sa fonction exacte. Mais il est là, irremplaçable, créatif, poète, amoureux et… éternellement maladroit. Il a fait rire mes enfants, et commence à amuser l’aîné de nos petits-enfants. Indémodable, drôlissime et toujours tellement attachant. Une véritable boule de joie de vivre! Martine Bernier