Quand j’étais enfant, il existait une règle dans la cour de récréation.
Lorsque nous jouions, nous pouvions interrompre n’importe quel jeu en levant le bras et en faisant ce que l’on peut traduire par le signe de la victoire, en criant « deux ».
Mais l’index et le majeur brandis en « V » n’avaient alors pas la même signification.
Chacun savait que le signe imposait une pause immédiate.
Nous en profitions pour réexpliquer les règles, pour dénoncer un coup bas, pour dire que nous abandonnions la partie etc.
Le jeu reprenait ensuite sur des bases plus saines.
La semaine dernière, la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a expliqué qu’il fallait préserver la cité antique de Palmyre, en Syrie.
En l’écoutant expliquer qu’il faut protéger ces sites du patrimoines universel, et que les belligérants ne pouvaient pas mettre en péril des lieux aussi symboliques, j’ai eu un sentiment mitigé.
Comme la plupart d’entre nous, je ressens un chagrin immense devant les victimes emportées par la folie meurtrière des jihadistes de l’EI, et je reste pétrifiée de les voir tout détruire, et notamment les trésors antiques.
Mais la voix et les mots d’Irina Bikova m’ont fait l’effet d’une main qui se lève en brandissant le signe « deux ».
Je ne suis pas convaincue que cela suffise à arrêter ces personnages.
Sur place, au terme d’une bataille sanglante, les troupes gouvernementales et les comités populaires ont réussi à chasser les assaillants, pour le moment, nous dit-on.
Je crains que ces barbares soient nettement plus sensibles à ce genre de riposte musclée plutôt qu’à un rappel à l’ordre leur rappelant que, lorsque l’on se bat, il y a certaines règles à respecter.
Il y a bien longtemps qu’ils les ont dépassées…
Martine Bernier