Lorsque j’avais interviewé André-Paul Duchâteau, l’élégant scénariste de Ric Hochet, il m’avait expliqué qu’un projet était dans l’air.
Après la mort du regretté dessinateur Tibet, tout le monde avait pensé que le journaliste enquêteur, héros d’une bande dessinée devenue culte, allait partir avec lui.
Mais non: on parlait alors de lui redonner vie.
Schtroumpfs, Benoît Brisefer, Boule et Bill, et quelques autres: ce n’est pas un phénomène unique.
J’attendais donc de voir ce que cela donnerait.
Voila quelques jours, j’ai reçu le nouvel opus en service de presse.
« R.I.P. Ric ! » , signé par Van Liemt et Zidrou.
Il faut savoir que, depuis mon enfance, j’ai toujours été une grande fan de ce héros détective.
L’imagination de Duchâteau qui nous concoctait des intrigues bien ficelées, parfois même complètement folles, associée au trait souple de Tibet était un petit bonheur.
Sans doute est-ce d’ailleurs parce que je suis attachée au personnage que j’étais méfiante à l’annonce de son retour.
Après lecture, contrairement à l’ensemble des critiques qui saluent ce nouvel album avec enthousiasme, je suis mitigée.
Ce que j’aime?
Les clins d’oeil à la version originale, les références parsemées dans le livre, l’ambiance des premières pages, l’intrigue qui nous permet de réentendre parler du fameux Caméléon.
Ce que je n’ai pas aimé: la scène de nu complètement inutile qui n’a rien à voir avec l’esprit de la série, et, surtout, le fait que le personnage ne se ressemble plus dans de nombreuses cases.
Je suis d’accord pour dire qu’en le découvrant, j’ai eu un peu l’impression de retrouver le personnage tel qu’il a été dessiné à ses débuts par Tibet.
Pas encore tout à fait lui-même, pas encore complètement « fini ».
Au fil des années (78 albums et quelques hors séries, quand même!), il a évolué.
Dans cette nouvelle version, il est retourné en arrière, et, dans de nombreuses cases, a un visage qui n’a pas grand-chose à voir avec celui de Ric Hochet.
Cela me gêne, je l’avoue.
Au point, contrairement à de nombreuses critiques lues sur le Net, à me dire que, pour ma part, je crains que ma longue relation avec le héros de mon enfance ne s’arrête ici…
A regret…
Martine Bernier
Ric Hochet « R.I.P. Ric! » Van Liemt et Zidrou, Le Lombard.