Depuis quelques jours, j’avais le sentiment très fort que quelque chose de bizarre se passait dans notre environnement.
J’étais bien incapable de dire de quoi il s’agissait, mais dès que j’étais dehors, je scrutais les alentours avec la sensation d’un changement sur lequel je n’arrivais pas à poser de nom.
Et puis… j’ai compris.
Les hivers derniers, notre quartier était envahi par des centaines de corneilles.
Leur nombre rendait leur présence pesante, impressionnante.
Nous étions dans Les Oiseaux d’Hitchcock.
Elles guettaient nos moindres gestes, à l’affût de nourriture.
Postées sur la crête des toits et des arbres, sur le moindre piquet, elles attendaient, intervenant à la seconde dès que quelque chose ressemblant à un morceau de pain apparaissait.
Or, cette année, malgré le retour du froid et de la neige, ce ne sont que les chants des passereaux qui résonnent dans les arbres.
Pas une seule corneille à l’horizon.
Elles ne me manquent pas, non, mais leur absence me rend perplexe: que s’est-il passé?!
La seule explication plausible que j’imagine est que, peut-être, notre voisine âgée qui leur donnait du pain a enfin compris que ce n’était pas une bonne idée.
Le contraste est saisissant.
Mon Capitaine a donc réinstallé sa « maison des oiseaux » sur le balcon désormais sans fleurs.
Une jolie maisonnette construite entièrement par ses soins, au toit couvert de tavillons, destinée à offrir le gîte et le couvert aux mésanges, moineaux et autres passereaux du quartier.
Le rouge-gorge reviendra peut-être, s’il n’est pas chassé par les grands oiseaux noirs.
Et je me demande où ils ont installé leur campement pour l’hiver…
Martine Bernier