Depuis que mes soucis de santé ont repris le dessus, Pomme semble très affectée.
Au cours des heures qui ont précédé ma petite virée nocturne en l’ambulance, elle m’a manifesté sa tendresse en ne me quittant pas d’une semelle, s’approchant timidement de moi dès qu’elle le pouvait pour me lécher la main.
Les jours suivants, elle s’est montrée discrète… et triste.
Je ne la reconnaissais plus.
Plus que jamais, elle ne me quitte pas, me couvant constamment d’un regard inquiet et malheureux.
A force de s’impliquer dans son rôle de garde-malade, elle finissait par renoncer à sa propre existence…
Samedi soir, profitant d’une soirée de solitude, je lui ai fait une proposition
Après avoir posé mes « outils » sur la table basse du salon, je me suis tournée vers elle:
– Ce soir, je m’occupe de toi, et rien que de toi. Tu veux?
Elle a hésité.
Assise en bouddha au milieu du salon, elle me contemplait, semblant réfléchir.
– Pomme… tu veux un câlin?
Déclencheur automatique… d’un bond, elle était sur mes genoux.
Je l’ai renversée, la prenant dans mes bras comme un bébé:
– Ca n’a pas été drôle pour toi non plus ces derniers jours… Je t’ai délaissée… Mais ce soir, c’est différent! Je vais faire une belle Pomme… tu veux?
Elle a poussé un soupir que j’ai pris pour un consentement.
Comme d’habitude, je l’ai calée pattes en l’air dans des coussins et j’ai commencé à la brosser doucement, en lui parlant.
La séance a duré près d’une heure.
Une heure au cours de laquelle je n’ai pas arrêté de lui faire la conversation.
Elle répondait par des petits bruits d’aise, par des léchouilles reconnaissantes.
Reine de la soirée, elle a eu droit à un traitement de monarque et à un monceau de tendresse.
Le lendemain matin, le Mogwaï que j’ai découvert au réveil n’avait plus rien à voir avec celui que j’avais vu évoluer depuis une semaine.
Une fois dehors, il a couru dans tous les sens en jappant, m’invitant à jouer avec lui.
Pomme… le retour!
Remontée au Nid, elle s’est emparée de son mouton, l’un de ses jouets favoris, galopant à travers l’appartement… et faisant une fois encore preuve de cette intelligence qui me fascine chez elle.
Je ne voulais pas jouer avec elle?
D’accord: elle allait demander à mon Capitaine de prendre ma place.
Mais comme il n’était pas encore réveillé, il fallait qu’elle l’attire…
Dans ses galopades à travers le salon, le hall et mon bureau, elle restait à peu près silencieuse.
Mais dès qu’elle passait devant la porte de la chambre, comme par hasard, elle faisait crier son mouton en mordant sur le sifflet incorporé.
L’appeler en l’appâtant avec un jouet bruyant… c’est exactement ce que fait mon Grand Homme quand il l’invite à jouer avec lui!
Pomme avait retrouvé sa joie de vivre et son humour…
Martine Bernier
2 réflexions sur “Bichon havanais: la tristesse de Pomme”
En fait, Pomme ne représente pas autant que Smockey pour moi, ce chartreux récupéré de souffrances répétées d’une idiote prétentieuse et ignorante. Mais je m’imagine à quel point même un simple chien, animal servile, bien que manipulateur puisse représenter pour toi. Jamais plus je ne pourrai traiter les animaux de bêtes, la plupart ne le sont pas. Nous sommes connectés aux prises du rationnel primaire, alors que ces êtres inférieurs «non sapiens» ont la connaissance en eux. Peut-être, nomme-t-on cela l’instinct ? L’instinct de savoir la souffrance, l’instinct de reconnaître l’amour, l’instinct de percevoir que l’on va mal, signal d’alerte, signal amical, signal de détresse. Cet être «inférieur», vous savez, celui qui mange la nourriture sortie d’études de marché, qui vous mange dans la main, le servile, l’animal illettré, lui que nous croyons dresser, il sait, il sent. Bien avant l’annonce, il a compris. Pourquoi ne suis-je pas un chien, mieux, un chat ? J’aurais vraiment le sentiment d’être un peu moins bête ! Martine, profite bien des prévisions du chien, car nous tenons à toi !
Bonne nuit et mes meilleurs messages à Pomme, mais tout de suite après, à ton capitaine.
j.
Que dire, cher Jean, si ce n’est que je partage ton analyse… Cette sensibilité qui est la leur est irremplaçable, un cadeau de tous les jours. Même si, ce matin, Pomme, qui estime que je me suis levée trop tôt, me montre sa désapprobation en enfilant son rôle de zombie endormi!
De grandes pensées d’amitié montent vers vous deux en direction de la montagne!
Martine