Au lendemain de Noël, alors qu’il dormait chez nous, Kim est venu me rejoindre dans mon bureau, les yeux tout embués de sommeil.
Je venais de terminer mon Ecriplume du jour.
Connaissant les goûts de notre petit bonhomme, j’ai lancé un jeu de recherche d’objets, ce qui a achevé de le réveiller.
– Il a l’air bien!
– Tu vois, tu peux choisir le tableau dans lequel tu peux faire des recherches. Lequel veux-tu?
– La ville fantôme?
– D’accord. Je te préviens, nous avons droit à peu de temps et ce tableau-ci est assez difficile, car sombre. Donc, si tu vois un objet que je n’ai pas repéré, il faut me le montrer très vite.
Nous entrons dans la Ville Fantôme.
Kim se pique au jeu, me montre ce qu’il trouve et ajoute:
– J’en vois d’autres qui ne sont pas demandés… Je les retiens et je te les dis après, d’accord?
– D’accord!
Notre association fait merveille, aucune image ne nous résiste.
A la fin de chaque visite d’un tableau, lorsque le dernier objet a été découvert, nous poussons de petites exclamations de joie, commentons notre « travail », évaluons les récompenses.
Alors que le temps accordé au jeu se termine, Kim me dit:
– Dis?
– Oui?
– Ecriplume, c’est toi qui l’as créé?
– Oui.
– Mais… tout ce qui est écrit, c’est toi qui l’as inventé?
– Oui. Ca peut paraître beaucoup, mais ce n’est qu’un texte par jour…
– Et tu gagnes des sous avec Ecriplume?
– Non! Ce n’est pas le but! Je voulais quelque chose de gratuit, où il n’est pas question d’argent.
– Mais si tu gagnais des sous avec lui, ce serait bien!
– Peut-être… mais ce qui est encore mieux, c’est tout ce qui se passe autour d’Ecriplume.
– Qu’est-ce qui se passe?
– Et bien… beaucoup de personnes m’écrivent, d’autres me demandent de diffuser des informations, d’annoncer leurs spectacles, leurs conférences, leurs expositions… C’est devenu un point de rencontre.
– Et tu fais ça gratuitement aussi?
– Oui.
– Mais… pourquoi?
Visiblement, il est perturbé de voir que l’on peut « travailler » sans espérer de retour financier.
– Parce que j’aime bien la démarche.
– Tu parles encore parfois de moi sur Ecriplume?
– Oui. Je pense que je le ferai d’ailleurs ces prochains jours.
– Pourquoi?
– Parce que ce que nous vivons est beau, parce que je t’aime et parce que ce que je vis avec toi est important pour moi.
Il sourit, regarde un peu mon bureau, mon fouillis.
– Dis?
– Oui?
– Pour moi aussi, c’est important.
Martine Bernier