Au dernier matin de son petit séjour au Nid, Kim, 9 ans, et moi, avons décidé de profiter à fond des heures de tête-à-tête qui nous restaient pour nous adonner à des activités qui nous tenaient à coeur.
Je lui ai proposé:
– Je choisis le premier jeu et toi le deuxième, d’accord?
– Oui!!!
Je crois que ce premier jeu l’a intéressé.
Il s’agissait de tester ensemble les Octofun dont j’ai déjà parlé sur Ecriplume (voir ci-dessous).
Notre but était de définir les différents points forts de Kim à travers ces petites boules d’énergie qui, je crois, lui ont beaucoup appris sur lui-même.
C’était donc à lui de choisir notre activité suivante.
J’étais installée dans mon traditionnel large « fauteuil aux enfants » quand il m’a demandé:
– Dis… tu veux bien jouer au magasin?
J’avais vu, la veille, qu’il avait joué avec Eya au même jeu.
Pas question de le décevoir: j’ai accepté.
À travers nos jeux, nous détournons des éléments d’autres jeux ou jouets pour améliorer l’activité du moment.
Il a donc pris la « boîte au trésor » dans laquelle mon Capitaine et moi avons glissé un gros tas de fausses pièces d’argent, a posé sur la table du salon une série de jouets et m’a donné le sac en feutrine que j’ai confectionné pour accueillir les dinosaures.
Puis il m’a expliqué:
– Alors: moi, dans mon stock, j’aurai tout ça (il me montre les figurines que je lui ai offertes deux jours plus tôt) et toi, tu auras ce qu’il y a dans le coffre à jouets et le sac aux dinosaures.
– Heu… tu ne préfèrerais pas prendre dans ton stock l’autre sac avec les petits animaux? Nous pourrions dire, lorsque tu es mon client, que tu es collectionneur de dinosaures et, quand je viens chez toi, que je suis collectionneuse de petits animaux?
– D’accord! Et puis il y a le voisin…
– Le voisin?
– Oui: à côté de ta boutique, là, il y a celle de notre voisin, un vieux monsieur qui n’arrive pas à faire d’affaires et qui n’a plus assez d’argent pour vivre. On va devoir l’aider.
– Ok!
Il délimite le magasin du Voisin avec les poufs en forme de cubes dans lesquels j’ai rangé une multitude de jouets.
Les enfants les utilisent pour créer leur univers…
– Voilà! Elle s’appelle comment, ta boutique?
Je réfléchis…
– Heu… Le Jardin Enchanté. Et la tienne?
– Le Bazar des Jouets.
– Ah oui: au moins les clients ne sont pas trompés sur la marchandise! Et le magasin de notre voisin?
– Le Trou.
– Pardon?!
– Le Trou.
– Avec un nom pareil, pas étonnant qu’il fasse faillite!
Et nous rions comme deux gamins… qu’il est mais que je ne suis plus censée être depuis quelques années déjà!
Le jeu commence.
Nous troquons, vendons, ajoutant de larges pourboires lorsque prenons un article chez le vieux monsieur que Kim incarne.
Juste pour que ce pauvre homme ait de quoi manger et payer ses factures.
Au bout d’une bonne demi-heure, il m’annonce:
– Bon: j’ai agrandi ma boutique!
– Ah? Tu as fait fortune?
– OuI. Donc j’ai racheté celle du vieux monsieur.
– … qui, du coup, a pu aller s’installer au soleil sans crainte d’avoir des soucis financiers. Bravo, Kim, tu as bon coeur. J’espère que cela ne t’a pas coûté trop cher?
– Ben si… mais je ne voulais pas qu’il soit pauvre après…
C’est fou…
Ce petit garçon, si protecteur avec ses petits frères, si attaché à sa famille, est en train de développer une personnalité qui me plaît décidément beaucoup.
– Dis?
– Voui?
– C’est dommage qu’on ne soit pas voisins, hein?
Oui… c’est vraiment dommage…
Je crois que nous serions souvent ensemble!
Martine Bernier