Pomme, Kim et moi, sommes installés sur le canapé.
En farfouillant dans le panier à jouets de mon Mogwaï, Kim en retrouve un qu’il lui a donné il y a quelques années, et avec lequel elle n’a jamais joué: Buzz L’Eclair.
Cette poupée rigide en tissu lui appartenait et il la représente à Pomme qui, cette fois, entreprend de mordiller consciencieusement le bras de son jouet oublié sous l’oeil de Kim qui le lui retire en riant et lui en propose un autre: un petit rat « désossé » qu’elle affectionne par périodes.
Elle commence donc à torturer joyeusement son rat tandis que Kim entre dans un scénario où il devient acteur et narrateur…
Il perche Buzz sur le haut du canapé et se lance:
Buzz découvre le monstre Pomme tenant entre ses pattes le malheureux petit rat.
– Aïe… il me fait peur! Je n’ai pas trop envie d’y aller, mais bon…. Je suis un super héros, donc je n’ai pas le choix. Dadaaam! Allons sauver le rat!!
D’un bond, Buzz se précipite et arrache le rat des griffes de Pomme, au péril de sa vie.
Mais Pomme lui prend le pied au passage et essaie de le dévorer!
Vite, sauvons-nous!
Le jeu dure pendant un bon quart d’heure au cours duquel Buzz et le rat traversent des aventures plus que périlleuses.
Pomme s’amuse autant que lui, et cela se voit!
Au cours de ce week-end, Kim a découvert à quel point elle peut être tendre.
Il commence à me parler des souvenirs qu’il a en commun avec elle.
Puis, il interroge:
– Et toi?
– Moi, le premier souvenir que j’ai de Pomme, c’est le jour où je suis allée la voir une première fois dans le Jura, peu après sa naissance. Elle avait des frères et des soeurs couleur caramel. J’avais demandé si je pourrais avoir cette jolie petite chienne noire, mais son éleveuse m’a dit qu’elle était déjà promise. Quelques semaines après, lorsque je suis revenue pour prendre mon chien, j’avais été avertie que la personne qui voulait cette petite boule noire s’était désistée. J’ai donc pu l’adopter. En quittant la maison, je la portais dans mes bras. Sa maman, à laquelle Pomme ressemble aujourd’hui comme deux gouttes d’eau, s’est approchée de moi et a pris appui sur moi comme si elle voulait dire au revoir à son petit. Je lui ai tendu Pomme, elle l’a léchée sur le nez et Pomme lui a rendu son câlin… J’avais mal au coeur… Par la suite, Pomme n’a jamais pleuré… Et sa maman, dont j’ai pris des nouvelles, l’a cherchée quelques heures puis a repris sa vie.
Kim a les larmes aux yeux.
– Elle n’a vraiment jamais pleuré?
– Pomme? Non. Il faut dire que je m’en suis beaucoup occupée…
– Dis?
– Oui?
– Pourquoi tu n’as pas acheté sa maman aussi?
Martine Bernier