J’ai l’impression d’avoir toujours connu les illustrations de Georges Goursat, dit Sem (1863 – 1934).
Regardez-les… elles ne vous rappellent rien?
Pour moi, elles représentent toute une époque…
Correspondant de guerre pour Le Journal, Sem a fourni à cette période des dessins bouleversants de réalisme et d’humanité.
Encore aujourd’hui, les regarder provoque une émotion troublante…
Mais c’est pourtant pour ses croquis de la société des années d’avant et d’après-guerre qu’il est le plus connu.
Regardez ses personnages, la lourdeur du pas des malheureux soldats, la légèreté et l’insolente insouciance de la société mondaine…
Ce périgourdin devenu parisien était un grand artiste…
J’ai déjà vu certains de ses dessins en exposition. J’ai appris hier que sa ville de naissance, Périgueux, lui rend hommage depuis le mois de novembre dernier en présentant ses oeuvres jusqu’au 27 mars au Musée d’art et d’archéologie du Périgord.
Un peu loin pour moi en ce moment… mais c’est l’occasion, pour ceux qui sont dans la région, de se plonger dans un univers passionnant…
Et pour comprendre que cet observateur de la Belle Époque était tout sauf un naïf, je vous laisse cette phrase qui m’a interpellée dans le dossier de presse de l’exposition:
Lorsque Georges Goursat, qui signe déjà Sem en février 1886, crée « L’entracte4 » c’est pour « se moquer des sots, braver les méchants et se hâter de rire de tout, pour ne pas être obligé d’en pleurer […] et aussi, …arriver à l’amélioration de la morale de nos concitoyens par la puissance de l’esprit, faire à notre petite feuille une place enviée au grand soleil de l’art et de la liberté ».
Martine Bernier