« C’est compliqué la justice… »

Je n’aurais pas imaginé avoir une conversation sur la peine de mort et la justice avec un enfant de neuf ans (et non pas dix puisque Kim a rajeuni d’un an depuis hier!).

Que l’on allume la TV ou que l’on ouvre un journal, tout nous ramène aux attentats.
Ce qui, évidemment, n’échappe pas aux enfants.
Hier, alors que nous jouions, Kim me dit:
– Il faut leur couper la tête!
Houlà… il embraye sur un sujet plus que complexe et délicat.
Qu’est-ce que je fais?
Je botte en touche ou je tends la perche qu’il me tend pour me positionner?
Ma décision est vite prise:

– Tu sais… depuis que je suis ado, j’ai toujours été contre la peine de mort.
– Ah bon???? Mais pourquoi????
– Pour pas mal de raisons.

Je n’ai pas envie de partir dans des considérations philosophiques qu’il ne comprendrait pas pour le moment.
Donc, je me limite à:
– L’une d’elles est que, notamment aux États-Unis, il y a eu des cas de personnes que l’on a exécutées, dont on a découvert l’innocence après l’avoir fait.

Kim réfléchit:
– Oui, mais il faudrait tuer ceux dont on est sûrs sûrs sûrs qu’ils sont coupables!
– Voyons… admettons que quelqu’un soit assassiné et que tu sois justement tout près à ce moment-là.
– Oui.
– Tu n’as strictement rien fait, mais quelqu’un avec qui tu ne t’entends pas du tout prétend qu’il t’a vu tirer sur la personne. Tu es arrêté, mis en prison, jugé… et personne ne te croit.
– Mais… on voit bien qu’il n’y a pas mon ADN sur la scène du crime!
– Il n’y a aucun ADN. Rien, pas une trace. Juste ce témoin qui jure qu’il t’a vu. Donc, si on fait ce que tu voudrais que l’on fasse, tu risques la peine de mort.
– Ben non puisque je n’ai rien fait!
– C’est bien ce que je dis… il peut y avoir des erreurs… Et puis il y a d’autres raisons pour lesquelles je ne peux pas être pour la peine de mort. Mais ce serait un peu compliqué à t’expliquer pour le moment.

Nous changeons de conversation, mais à midi, Kim revient sur le sujet alors que nous prenons notre repas avec mon Capitaine.
Cette fois, il s’agit de justice, de procès, et de la difficulté de dénouer le vrai du faux, la dissimulation de la vérité.
Et… le débat est passionnant.
Deux adultes et un enfant, chacun a droit à la parole, est écouté par les deux autres.
J’espère que ce genre de moments privilégiés, nous pourrons les vivre avec chacun de nos petits-enfants.
Sans rien imposer, mais en apportant des éléments qui pourront contribuer à élargir leur champ de vision…

Martine Bernier

 

 

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