L’helvète panne

– La la la, la la laaaaaa…

Mercredi matin.
Le petit single Swisscom résonne à mon oreille.
J’ai composé le numéro, car je n’ai plus accès à ma messagerie, et ce malgré tout ce que j’ai pu tenter pour la ranimer.
L’attente est plus longue que d’habitude.
Aïe, c’est mauvais signe…
Quand enfin une bonne âme me répond, j’entends une voix masculine jeune et branchée sur le mode « po-si-ti-vons »!
Et j’attaque en douceur:

– Bonjour, j’aimerais vous demander: est-ce que Swisscom rencontre un problème, aujourd’hui?
– Oh oui… je dirais même un très gros problème. Nous devons faire face une panne généralisée.
– Ah, je me sens moins seule! Comme j’ai toujours Internet, je m’interrogeais, car la messagerie ne fonctionne plus. Elle me demande un mot de passe qui ne m’est pas familier. J’ai d’abord pensé que le problème était lié à une mise à jour que le programme venait d’effectuer à peine quelques secondes auparavant.
– Non, c’est bien dû à la panne… Je suis vraiment désolé… nos équipes sont déjà toutes en action pour venir à bout du problème.
– Heu… j’imagine que vous avez dû entendre la même question des milliers de fois depuis ce matin, mais… savez-vous dans quels délais à peu près la situation devrait se normaliser?
– Comme nous ne connaissons pas encore l’ampleur de la panne, je dirais… dans la soirée.
– Aïe. Et bien je vous souhaite quand même une belle journée… et je compatis en imaginant la journée que vous allez passer!

Il a ri en me remerciant.

Une heure plus tard, privée de mes mails, je travaillais en ayant une délicieuse impression de semi-vacances forcées.
Bien sûr, j’écrivais, mais je ne devais pas m’interrompre pour répondre à des messages toutes les dix minutes.
Seul bémol: je ne pouvais pas non plus envoyer les articles qui attendaient de prendre leur envol.
Je prenais mon mal en patience lorsque j’ai entendu mon Capitaine m’annoncer: Ca refonctionne!

Ah? Chic!
J’essaie et… rien.
Tiens… bizarre.
Après le repas de midi, je réalise que la messagerie fonctionne également sur mon IPad et sur mon ordinateur portable.
Je caracole donc dans mon bureau, pressée de reprendre les commandes de ma messagerie et de répondre aux mails qui se sont entassés.
Je clique, j’attends et… toujours rien.
Ou plutôt si: toujours cette insolite demande de mot de passe.
Cette fois, j’ai un gros doute.
Je prends mon portable, réessaye et découvre que le courrier ne pose pas de souci.
Donc… il ne s’agit pas de tout mettre sur le dos de la panne en question.
J’ai plutôt tendance à me dire que la mise à jour de ce matin me joue des tours.
Pendant quelques minutes, je me suis consacrée à cette messagerie récalcitrante.
Et hop!
J’ai vu arriver une farandole de mails tout joyeux de retrouver leur boîte de destination.
Ne restait plus qu’à y répondre… mais, pour commencer, il fallait absolument envoyer un article urgent.

Pièce jointe, petit message explicatif et clic, envoyés!
Enfin… je le pensais.
Mais non… rien, si ce n’est une nouvelle demande de mot de passe, et l’enregistrement automatique de mon précieux message dans les Brouillons.
C’est vexant.
Il m’a à nouveau fallu quelques minutes pour régler le problème.
Je termine l’opération en répondant au mail d’un ami.
Mail qui disparaît sans laisser la moindre trace.
Mince, c’est un complot!
Mes messages filent au cimetière des éléphants sans m’avertir!
Un essai…
Deux essais…
Finalement, en désespoir de cause, j’écris un troisième petit mot à mon malheureux correspondant en lui expliquant que j’ai un souci et que je me pose la question: reçoit-il bien mes messages?
Et… oui!!
Les bougres ont juste décidé d’adopter l’anonymat.

En fin d’après-midi, je jette un oeil sur ma messagerie… un peu comme l’on regarde un bébé qui dort en vérifiant que sa respiration est régulière.
Tout a l’air normal.
Je quitte mon bureau en me disant que, lorsqu’elle fonctionne bien, j’ai tendance à oublier à quel point la technologie est précieuse…

Martine Bernier