Comme pas mal de gens en cette période, je reçois dans la semaine un courrier m’informant que j’ai payé trop d’impôts et que, ô bonheur, je vais être remboursée.
Pour ce faire, je dois faire parvenir un numéro de compte à mon interlocutrice.
Hop, hop!
Chose dite, chose faite par mail .
Je croyais l’affaire entendue lorsqu’une réponse m’arrive par courrier électronique, me demandant s’il serait possible de fournir un numéro de compte sur lequel apparaîtrait également le nom de mon Capitaine.
Voui, nous sommes mariés, mais nous ne portons pas le même nom.
J’appelle donc mon interlocutrice pour lui expliquer que, non, je ne peux lui donner ce qu’elle souhaite, mais que, comme elle a pu le constater, c’est de ce compte que partent les virements.
Donc… tout est logique.
Enfin… logique pour moi, mais pas pour ceux qui ont conçu le programme informatique gérant ce domaine.
Pour eux comme pour ceux qui ont conçu nos lois et ceux qui estiment sans doute qu’il ne vaut pas la peine d’ajuster ce point de droit, c’est le nom du mari qui prime, égalité des droits ou pas.
– Et bien, mince… c’est le genre de choses qui me révolte!
Mon interlocutrice avait un débit de paroles assez lent et a eu l’air assez perplexe:
– Ah bon?
– Oui. Vous êtes une femme, vous aussi. Cela ne vous irrite pas de voir que nous n’existons pour ainsi dire pas aux yeux de la législation, y compris si c’est nous qui réglons nos factures?
– C’est vrai… maintenant que vous me le dites… c’est un peu énervant.
– Hum… un peu… le mot est faible.
– Ecoutez, j’ai une solution: ma collègue va effectuer le remboursement à la main et utilisera les coordonnées que vous m’avez fournies. Mais chaque année, si vous devez être remboursée, il faudra savoir que vous devrez me retéléphoner pour me redonner ce numéro de compte.
Je n’ai pas demandé s’il ne serait pas plus simple de le conserver dans notre dossier.
Je me suis contentée d’opiner:
– Très bien. Cela me permettra de prendre de vos nouvelles. Et vous, de m’entendre vitupérer contre le système!
Non mais!
« Nous » n’est pas constitué d’une seule personne mais bien d’un « Je » et d’un autre « Je », si je ne m’abuse?
Martine Bernier