Je suis attentivement la politique française depuis que je suis en âge de la comprendre.
Ce qui est un peu logique, me direz-vous, puisque je suis binationale.
Je suis souvent navrée par ce qui s’y passe… mais là n’est pas le sujet de mon texte.
Au coeur de ce microcosme cruel et sauvage où il m’arrive de me demander si certains de celles et de ceux qui en font partie ou qui en rendent compte se souviennent encore du sens réel de leur mission, il arrive que durant de courts instants, une personne quitte son armure et redevienne humaine.
Et c’est souvent dans les moments d’échec ou de drame que les personnalités se révèlent différemment.
Alors que je suivais la primaire de gauche, j’ai écouté le discours, peu élégamment coupé d’ailleurs, de Manuel Valls qui a dû s’incliner au deuxième tour.
Et c’est là qu’il a expliqué qu’une page se tournait pour lui, qu’il allait prendre de la distance pour se réinventer.
Se réinventer…
J’ai été frappée par le terme.
Il peut s’adapter à chacun d’entre nous.
Lorsque nous vivons une cassure, une épreuve, une déception immense, un deuil, une séparation, une perte d’emploi, le but ultime est sans doute celui-ci… se réinventer, réinventer son existence…
Se donner d’autres buts, apprendre à vivre sans ceux qui nous ont gravement blessés, s’ouvrir à d’autres, à de nouvelles étapes, de nouvelles rencontres, de nouveaux défis.
La période de transition est difficile, amère, triste.
Mais lorsqu’un nouvel élan commence à prendre vie, qu’un nouveau projet de vie se dessine et qu’un autre chapitre commence à s’écrire, la résilience prend tout son sens.
Ce soir-là, lorsqu’il a prononcé son discours, le politicien était digne, mais souffrait, comme n’importe lequel d’entre nous aurait souffert à sa place.
Mais le mot qu’il a employé ouvrait déjà une autre porte.
Martine Bernier