J’ai de l’admiration pour les femmes qui ont eu le courage de dessiner leur propre destin en refusant le chemin que leur famille ou d’autres avaient tracé pour elles.
C’est le cas d’Helena Rubinstein.
Nous connaissons tous son nom étroitement lié à la marque de cosmétiques qu’elle a créée.
Et son histoire mérite d’être contée.
Helena est née en 1870, dans le quartier juif de Cracovie (qui ne faisait à l’époque pas partie de la Pologne, mais de l’Autriche-Hongrie).
Elle avait sept soeurs dont elle était l’aînée, et a vu ses rêves de jeune fille balayés par son père qui lui a refusé un mariage avec un garçon non juif dont elle était amoureuse, avant de lui interdire l’accès à des études de médecine.
A 20 ans, elle a donc quitté sa famille pour se réfugier tout d’abord à Vienne, chez une tante, puis pour embarquer à bord d’un bateau à destination de l’Australie où vit l’un de ses oncles qu’elle ne connaît pas.
Une fuite qui lui permet de court-circuiter le projet de mariage avec un riche veuf, que son père a échafaudé pour elle.
Ses débuts ont été difficiles.
Employée comme aide-domestique chez son oncle dont elle gère également l’intendance de son épicerie-bazar, elle apprend l’anglais et crée un baume pour les peaux altérées, à partir d’une crème que lui a confiée un ami chimiste hongrois.
Le succès est immédiat dans son entourage, ce qui la pousse à créer une société portant son nom, et à ouvrir une première boutique à Melbourne, en 1902.
Le premier salon de beauté est né… il y en aura d’autres, beaucoup d’autres, un peu partout dans le monde.
Helena n’en oubliera pas pour autant ses soeurs.
Elle va leur confier des postes à responsabilités au sein de ses instituts, comme elle le fera ensuite pour ses neveux et ses nièces.
C’est d’ailleurs Mala, qu’elle appelait « son héritière de coeur et d’esprit », qui prendra bien plus tard la direction du salon de New York.
Entretemps, la maison Rubinstein a créé le mascara, qui deviendra un élément essentiel du maquillage des femmes et achèvera de propulser sa créatrice au rang des pionnières.
Quelques années plus tard, c’est également à la marque que l’on devra le premier autobronzant.
Exigeante, intransigeante sur la qualité des soins et des produits ainsi que sur l’accueil des clientes, Helena Rubinstein est devenue une femme respectée et incontournable, fréquentant les plus grands artistes parmi lesquels Dali, qui lui a dessiné des poudriers, et Colette qui a écrit certaines de ses accroches publicitaires.
Elle a en cela été considérablement aidée par son premier mari, Edward William Titus.
Mécène, elle a consacré une partie de sa fortune à soutenir des projets artistiques et à étoffer sa collection d’art.
Un musée portant son nom a d’ailleurs ouvert ses portes (Le Helena Rubinstein Pavillon of Contempory Art) à Tel Aviv, grâce à elle.
A son décès intervenu à New York le 1er avril 1965, la petite jeune fille timide de Cracovie a laissé une fortune énorme à son fils.
Sa compagnie a été rachetée par le groupe Colgate Palmolive en 1973, puis par L’Oréal en 1988.
Martine Bernier
2 réflexions sur “Destins de femmes: Helena Rubinstein”
J’ai lu vos deux articles.
S’agissant de celui qui concerne votre médecin gynécologue, une dame, je « goûte » pleinement à l’évolution de l’amitié qui vous lie bien au-delà des événements de la vie.
Je connais une situation semblable avec une dame, médecin dermatologue à Besançon en Franche-Comté.
L’empathie est présente.
Votre style à l’écrit est très agréable.
Cordialement.
Merci pour votre commentaire! Nous avons de la chance d’avoir rencontré des médecins compétents et humains et de pouvoir développer avec eux des relations de confiance allant au-delà du simple contact professionnel… Et l’empathie reste, à mon sens, l’une des plus belles qualités qui soit…
Bien à vous