Au chapitre des couleurs qui m’intriguent, il en est une qui me pose problème: le bleu canard.
Je crois que c’est en 2015 qu’il a été propulsé couleur de l’année par Pantone, toujours désireux d’influencer les modes et les tendances.
Cette couleur intermédiaire entre le bleu et le vert ne date pas d’hier, même si je crois que l’on n’en a jamais autant parlé qu’en ce moment.
Et dès que son nom a été choisi, il a beaucoup fait parler, car il désigne non pas les plumes apparente du canard colvert mais ce bleu visible uniquement lorsqu’il ouvre ses ailes.
Bleu auquel je trouve pour ma part qu’il ne ressemble pas.
Comme moi, même avec les plusieurs tons dont disposent les nuanciers à leur propos, beaucoup de puristes estiment qu’aucun d’entre eux ne correspond vraiment à cette couleur si particulière.
Pire: presque toutes les teintes de cette gamme rappellent davantage le vert que le bleu.
Non mais!
Déjà au 18e siècle, le père Louis Bertrand Castel, savant jésuite, mathématicien, physicien… et journaliste qui a publié L’Optique des couleurs, découvrait le vert canard comme étant un céladon brun.
D’autres lui ont emboîté le pas, et c’est en 1874 que l’expression « bleu canard » a été reconnue, déjà lors d’une description de mode.
Le « bleu sarcelle » a suivi, en 1917, puis le teal blue à Londres (bleu sarcelle, en anglais).
Les américains y voyaient eux un bleu de Prusse… ce qui est discutable également lorsque l’on consulte les nuanciers.
Aujourd’hui, le bleu et le vert canard ne mettent pas tout le monde d’accord.
Pas facile de reproduire avec exactitude une teinte croisée dans la nature…
Pour ma part, j’en suis encore à méditer sur ces teintes que, déjà déferlent les couleurs de l’été 2017, jugées comme d’habitude incontournables par les « spécialistes ».
J’ai eu envie de rire lorsque j’ai appris qu’y figurait un « jaune canari ».
Cela pourrait bien titiller les puristes, une fois de plus.
Car tous les canaris ne vont pas forcément se reconnaître dans ce jaune classique…
Martine Bernier